Mythic Intrigues
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Un monde où les espèces du monde surnaturel vivent dans l'ombre de l'humanité dont ils espèrent rester invisibles. Un univers de conflits, de mystères et d'intrigues
 
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Quand la vie ferme une porte, elle en ouvre une autre...
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Aaron Beaconsfield
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Aaron Beaconsfield
Mercredi le 1er mai 2019, 7h45, Vancouver. 13 degré, ensoleillé et venteux.

Someday, somehow, j’aurai un GPS… me dis-je avec une exaspération non-feinte alors que je zigzaguais entre les voitures et les rues de la métropole en essayant de me souvenir mentalement de la carte que j’avais consulté une énième fois deux minutes plus tôt pour m’aider à me repérer.

Vancouver, plus de 2 millions d’habitants. 2 millions de personnes qui semblaient tous s’être mis en tête de sortir ce mercredi matin pour rendre mon itinéraire cauchemardesque.

-Fais chier… marmonnais-je en évitant de près une voiture qui s’apprêtait à sortir de son stationnement sans avoir vérifiée si la voie était libre.

Et pourtant, la conduite ne me causait pas problème en temps normal. Le fait que j’ignorais tout de la disposition des lieux ne m’aidait aucunement c’était bien vrai, cela dit, il y avait une autre raison expliquant ma nervosité en ce moment. Chaque seconde qui passait maintenant me rapprochait un peu plus d’Evan.

Mon père m’avait appelé à l’aube alors que je peinais à rester éveillé sur mon volant, mais la surprise m’avait immédiatement fait stopper la voiture afin d’écouter ce qu’il avait à me dire. Lorsqu’il avait révélé qu’il savait enfin où se trouvait Evan, l’adrénaline et l’enthousiasme avait tôt fait de me ragaillardir. Combien de temps s’était écoulé maintenant depuis la dernière fois que je l’avais vu? 10 ou 11 ans peut-être? Il serait un homme dans la quarantaine avancé maintenant, allait-il seulement me reconnaître? J’avais moi-même changé au fil de toutes ces années. Honnêtement, j’aurais beaucoup de la difficulté à me retenir de pouffer de rire si nous restons face à face comme deux inconnus incapables de se souvenir de la personne qui se tient devant nous. Une réaction probablement inapproprié vu les circonstances, mais comment faire autrement? Si j’étais incapable de reconnaître mon frère alors que je savais qu’il se tenait devant moi... Enfin, franchement je n'en voudrais à personne de la trouver comique celle-là!

C’était du moins le sentiment général qui m’anima dans les premières minutes qui passèrent une fois que j’eus vérifié l’adresse que Lionel m’avait donné sur la carte que j’avais de ranger dans mon coffre à gant.  Cependant, à l’approche de ma destination, un nœud fait d’angoisse et d’appréhension enserra graduellement ma gorge. Et s’il n’était pas heureux de me revoir? Après tout, si je voulais minimiser les faits, je pourrais dire qu’il était simplement parti « en mauvais terme » avec mes parents, mais ça ne rendrait pas justice au degré de décibels qui secoua le salon de familial en cette froide nuit d’avril…

Malgré tous les remous intérieurs qu’engendraient ces émotions contradictoires, je ne dérivai pas de ma route et poursuivi ma lutte contre le trafic jusqu’à ce qu’enfin j’arrive face à la rue Raleigh, le dernier tournant pour atteindre ma destination.

J’arrêtai finalement mon CR-V 2004 rouge-vin (miraculeux survivants de plus de 280 000km de route) devant une maison impressionnante. Deux étages, d’un bleu doux et renforcé par des fenêtres aux encadrements peint d’un blanc crémeux.  Mon regard parcourut cet imposant domicile et à ma surprise je fus intimidé par cette demeure. Evan semblait avait fondé une vie comme il l’avait espéré, loin de tous les dangers que notre univers avait en réserve pour ceux qui avait le malheur d’y prendre part. Est-ce que j’allais vraiment le replonger dans tout ça? Si je tenais vraiment à lui, ne devrais-je pas respecter sa volonté de vivre en paix? Quel genre de frère serais-je si je cognais à cette porte?

L’enthousiasme avait définitivement disparu maintenant, et je déglutis péniblement en grattant mes cheveux et ma barbe en un réflexe d’anxiété. Tout en prenant une profonde respiration en fixant mon volant de cuir usé, je tournai à nouveau mon regard noisette vers la porte bourgogne qui semblait me défier de venir y cogner. Je restai un temps anormalement long assis à soupirer, à masser mes tempes et à caresser ma barbe distraitement. Rassemblant le courage d’enfin ouvrir la portière, j'exposai mon jean rapiécé, mes espadrilles noires usées et ma chemise bleue délavée aux manches retroussées alors que je contournai ma voiture et m’avançai vers l’entrée, surélevé sur un petit perron de bois baigné par le soleil de l’est qui se levait derrière moi.

J’arrivai finalement face à face ma Némésis de l’heure. Cette porte de bois bourgogne qui me séparait de mon frère Evan que je savais à l’intérieur puisqu’une autre voiture solitaire était garée directement devant cette maison.

Inspirant et expirant avec un rythme que je contrôlais pour tenter vainement de me calmer, j’observai une ultime fois le bouton de la sonnette et sans me laisser le temps d’hésiter plus longtemps j'appuyai sur celui-ci. Le son élégant qui en sorti résonna durant quelques secondes, et bien assez vite j’entendis les bruits de pas s’approcher. Chacun d'eux faisant perler une nouvelle goutte de sueur sur mon front malgré la matinée fraîche qui nous accueillait aujourd’hui.

Mais qu’est-ce que tu comptes lui dire? Pourquoi tu es venu ici? Et si c’est Suzan et non lui qui ouvre? Tu pourrais probablement mieux gérer Evan, mais Suzan pourrait te claquer la porte au nez. Et si c’était le cas comment tu allais pouvoir parler à Evan? Est-ce qu’il essaierait de te parler? T’en laisserait-il la chance? Tu comptais te reposer sur la surprise pour ne pas lui laisser la chance de te dire non mais peut-être que…

Le verrou de la porte tourna, et je cessai de respirer alors que ma némésis céda le passage.

La dame qui se trouva devant moi cependant n’était pas celle que j’avais craint de rencontrer…

Même si l'âge de celle-ci concordait avec celui qu'aurait Suzan si je me fiais aux rides qui parsemaient ses traits, les cheveux bruns en bataille que cette dame arborait était loin du noir immaculé que je me souvenais l'avoir vu porter. De plus, elle était  nettement plus grande que Suzan d'un bon 20cm, et malgré la couleur similaire de yeux, ceux de mon interlocutrice avait un aspect terne que je n'avais jamais vu chez Suzan. Sans brillance et semblant émaner une profonde lassitude, je n'eus toutefois pas l'occasion de m'y attarder davantage.

Voyant son air ahuri (qu'elle devait probablement calquer sur le mien par ailleurs) je reculai d'un pas pour  ne pas donner l'impression que je comptais entrer chez elle tout en bredouillant avec maladresse.

-Oh, euh... Pardon madame... C'est que... Enfin... Je suis désolé de vous déranger vraiment, j'ai dû faire erreur. On m'a dit qu'Evan Beaconsfield vivait ici. Est-ce bien le cas?

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Jeu 1 Mar - 0:39
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Elise Beaconsfield
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Tu coures dans toutes les directions depuis une bonne heure : le petit-déjeuner, étendre le linge que tu as mis dans la machine la veille au soir, préparer tes cours pour le conservatoire... Tu fais tout ça en même temps et d'une façon si désorganisée qu'au final, tu passes plus de temps à courir d'un endroit à un autre qu'à réellement avancer. Cette semaine, tu avais ton mercredi matin de libre alors tu avais voulu rentabiliser tout ça. Résultat : te voilà en train de réfléchir à quelle étude présenter à ton prochain cours à tes élèves de troisième années alors que tu accroches les pulls de ta fille au fil suspendu au milieu de ta cave en mâchant une bouchée d'une tartine de confiture. Le tout avec ton ordinateur branché sur un site de musique car tu cherches des airs qui pourraient plaire à un garçon de 12 ans à qui tu donnes des cours à domicile. Je pourrais m'étendre sur le ridicule de la situation mais cela reviendrait à enfoncer une porte ouverte comme tu le dis si bien. Après tout, tout le monde se doute qu'en faisant autant de choses à la fois, on n'arrive jamais à faire grand-chose. Toi, tu as surtout réussi à stresser ta fille qui s'est empressée de prendre son déjeuner et de partir à l'école. Pourtant tu t'acharnes, tes demi-journées de liberté sont assez rares alors tu tiens à les rentabiliser autant que possible. Une fois la totalité du linge accrochée, tu retournes à ta musique. Tu commences cependant à réaliser à quel point tu t'es emmêlée les pinceaux à force de penser à toutes ces choses quand tu t'aperçois que tu t'apprêtes à proposer une partition à 4 mains d'une musique issue de Pirates des Caraïbes à tes élèves du conservatoire. Toi qui leur avais présenté des compositions de Tchaikovsky aux deux derniers cours, ça leur aurait fait un beau changement tiens !

Tu te laisses aller dans ta chaise en soupirant. Il vaut mieux faire une pause un petit instant. Au moins le temps que tes pensées se calment un peu avant que tu ne puisses t'y remettre. Ça tombe bien, tu n'as toujours pas bu ton thé qui est pourtant ta boisson rituelle du matin. Le sachet est maintenant dans l'eau depuis un bon quart d'heure et le gout risque donc de ne pas être le meilleur possible mais ce n'est pas ça qui va te déranger. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que cela t'arrivait cette semaine après tout ! Tu embarques donc ta tasse et te dirige dans le salon. Une fois installée dans ton canapé, tu bois les premières gouttes du breuvage. Comme prévu le gout est acre. Tu en as une légère grimace. Tu n'as cependant pas le courage de te lever pour aller te refaire une autre tasse. Que tu serais capable de laisser sur-infuser à nouveau de surcroît... Tu bois donc une autre gorgée de thé. Le goût te parait moins désagréable une fois la surprise passée.

Parlant de surprise, tu te redresses d'un air étonné en entendant la sonnette. Qui cela pourrait bien être à cette heure-ci ? Alicia ? Non. Peu de chance. Elle doit être en train d'arriver à l'école à cette heure-ci. Peut-être le facteur alors qui aurait un colis à te remettre... Pour lui ouvrir, il aurait été préférable que tu sois habillée plutôt qu'en pyjama mais si ce n'est que pour le temps d'une signature, cela ne devrait pas poser trop de problèmes. Tu reposes donc ta tasse à peine chaude sur la table et tu te hisses sur tes deux pieds pour aller ouvrir.

Tu t'apprêtes à saluer tout en ouvrant mais tu t'arrêtes net en tombant nez-à-nez avec un inconnu campé sur le pas de ta porte. À l'expression encore un peu endormie de ton visage, s'ajoute une certaine confusion. Tu bredouilles un timide et maladroit "Bonjour... Je peux vous aider ?". Aucune idée de comment ce type a bien pu se retrouver là. En tout cas, tu n'es pas particulièrement rassurée. Outre sa tenue négligée à l'aspect un peu rock, le fait que ce type soit si proche du seuil te mets mal à l'aise. Tu as l'impression qu'à tout moment il pourrait essayer d'entrer. Par chance, il a la décence de reculer en bredouillant des excuses sur le fait qu'il s'était probablement trompé d'adresse. Tu aurais pu souffler s'il ne terminait pas en prononçant le nom de ton mari. Le nom d'Evan te fait l'effet d'un seau d'eau qu'on t'enverrait au visage. Tu te cramponnes à la porte. Ton regard fuyant vient alors se fixer sur le visage de cet homme. Sous sa gêne apparente, tu devines une certaine inquiétude. Tu en es d'autant plus déstabilisée. Tu ne sais pas vraiment comment réagir. Qu'un homme vienne frapper chez toi pour voir ton mari décédé il y a deux ans est assez louche. Les amis d'Evan était pourtant tous venus pour ses obsèques. Tu ne peux donc t'empêcher de te méfier pourtant tu sens une réelle sincérité provenant de lui. L'expression inquiète sur son visage en sueur n'a pas l'air feinte. C'est probablement ce qui t'empêche de lui claquer la porte au nez et de courir t'enfouir sous la couverture de ton lit avec un album photo. Tu ouvres la porte un peu plus largement afin d'apparaître complètement dans l'encadrement au lieu de rester cachée derrière le panneau rougeâtre que tu ne lâches pas pour autant.

-Et ben oui. Enfin, c'est ici qu'il vivait. Du moins avant... que... Ta voix se meure alors que les mots se nouent dans ta gorge et t'étouffent froidement. Tu resserres les mains sur le bois pour éviter qu'elles ne tremblent. Tu essaies de finir ta phrase mais plus tu forces, plus tu bloques sur cette fin de phrase. Après un ultime effort, tu parviens finalement à articuler d'une voix basse, plus proche du murmure que de la parole : Il est décédé il y a deux ans, je suis vraiment désolée...

Ça y est. C'est dit. Les tensions dans ta gorge se relâchent. Tu te sens vide et gelée d'un coup alors que cette triste vérité te rattrape. Tu t'y habitues maintenant alors tu tiens le coup. En revanche, ça n'a pas l'air d'être le cas de ton interlocuteur. Il semble blêmir en accusant le coup de la nouvelle. D'un coup, ta méfiance fait place à ton inquiétude naturelle. Instinctivement, une de tes mains lâche la porte qu'elle cramponnait et se dirige vers le bras de l'inconnu dont elle se tient à quelques centimètres, prête à le supporter s'il se mettait à vaciller alors que son visage perd ses couleurs. Tu t'empresses de t'exclamer :

- Monsieur ? Vous allez bien !? Vous avez besoin de vous asseoir ?

Tu te rends compte que tu as complètement lâché la porte et que tu as fais un pas vers lui, ce qui est plutôt ridicule au fond. Ce n'est pas comme si tu allais vraiment réussir à soutenir un homme s'il venait à s'évanouir dans tes bras. Au pire, s'il tombait sur toi, tu amortirais sa chute.


Et dire que tu partais pour une matinée tranquille à la maison... Le destin a parfois un sens de l'humour bien tordu, tu ne trouves pas ?
Lun 5 Mar - 19:52
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Aaron Beaconsfield
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Sur le coup, je m’attendais simplement à me faire rediriger, mais dès l’instant où le nom d’Evan franchit mes lèvres, je remarquai aussitôt le changement d’attitude de la part de mon interlocutrice. Ses yeux fuyants se rivèrent aux miens, son expression se durcit comme si elle-même tentait de conserver son sang-froid, et sur le coup je fus momentanément déstabilisé. J’aurais anticipé de la surprise sans problème, mais je ne comprenais pas la douleur qu’abritait maintenant son regard à la mention de mon frère.

Je n’en avais aucune idée sur le coup pour être parfaitement honnête, mais instinctivement je sentis mon expression se rigidifier en appréhension de ce que cette peine pouvait annoncer, et pour être franc, je ne savais plus quoi penser.

-Et ben oui. Enfin, c'est ici qu'il vivait. Du moins avant... que..

Je le vis, aussi clair que de l’eau dès l’instant où elle débuta sa phrase. Ses lèvres tremblantes, ses yeux redevenus fuyants, son corps figé. Elle n’avait pas besoin de poursuivre pour que j’exécute le reste de l’équation, mais le murmure faible qui ébranla le silence qui s’était instauré a néanmoins la force d’un ouragan.

-Il est décédé il y a deux ans, je suis vraiment désolé...

Mon esprit sembla dès cet instant ralentir toutes mes perceptions, comme s’il souhaitait me maintenir indéfiniment dans la sécurité de l’ignorance dont je venais d’être retiré.

Evan, tu es mort?! Me dis-je vainement en sachant pertinemment qu’aucune réponse ne se ferait entendre.

Qui plus est, poser la question n’avait en réalité aucune utilité. Je pouvais bien dénier les faits aussi longtemps que je le souhaiterais, il était clair que la douleur de la dame me faisant face était toute sauf feinte. Elle avait connu Evan, et le simple fait de m’en avoir fait part semblait avoir mobilisé toutes ses forces, et pour ma part, son annonce venait de saper toutes les miennes apparemment…

En effet, au moment où la dame me demanda quelque chose que je n’entendis pas et sans que j’en eus vraiment conscience, je sentis mes jambes défaillir. Cédant sous mon propre poids, le choc de la nouvelle continuait à ravager mon esprit et semblait me paralyser aussi sûrement que le plus puissant des venins. Je tombai à genoux sur le portique de la maison de mon défunt frère et mon regard se baissa sur mes mains ouvertes qui reposaient impuissantes sur mes genoux pliés. Je me mis à trembler de tout mon corps tandis que la dame m’interpella en vain pour attirer mon attention, elle va même jusqu’à poser une main sur mon bras pour tenter de me rattacher à la réalité, mais rien n’y fait…  

Mes lèvres bougèrent sans mon consentement en créant des murmures faibles dont je n’arrivais même pas à comprendre le contenu. Durant un temps qui me sembla immesurable, je restai prostré tandis que ma vision se brouilla sous l’effet des larmes qui tombaient sur mes paumes.

Probablement malaisé de me voir tomber en état de choc sur son perron, je sentis la dame tenter de me hisser sur mes pieds et une partie de mon cerveau comprit la raison derrière son souhait et consentit à coopérer, ne serait-ce que pour conserver ma propre dignité.

Elle m’escorte à l’intérieur de sa maison, mais j’arrive à peine à mettre les pieds dans le vestibule que ma force m’abandonne à nouveau. Mes genoux fléchissent et je me retrouve de nouveau au sol, murmurant des mots que je ne comprenais pas à cause de mon état catatonique. Lorsque je la vis s’accroupir de nouveau à côté de moi, une étincelle de lucidité me traverse l’esprit et m’enjoignit à me ressaisir, il fallait que je sache, j’avais besoin de savoir, et seule cette dame pourrait me répondre sans doute.

Je levai mes yeux vers elle, deux longues traînées humides laissées par mes larmes se dessinant le long de mes joues puis je saisis son poignet d’une main avec vivacité et force comme s’il s’agissait d’une bouée de sauvetage à laquelle je m’accrochai désespérément. Une fois mes iris rivés sur les siens je lui demandai d’un timbre en apparence calme, mais dont on pouvait aisément sentir la souffrance sourde voilée derrière.

-Comment… Comment est-il mort?

Puis en prononçant ma question, je me rendis compte qu’une seconde interrogation particulièrement énigmatique restait à élucider et j’enchaînai sans lui laisser le temps de répliquer.

-Attendez un peu, qui êtes-vous? Où est Suzan? Si vous savez que mon frère vivait ici vous avez dû la connaître aussi. Il faut que je lui parle.

La dernière phrase que j’avais prononcée n’avait pas le même ton. La souffrance voilée derrière mes paroles toujours aussi calmes s’était maintenant dotée d’une colère latente qui, même si elle n’était pas dirigée envers la dame qui me faisait face, était sans doute trop vive pour être discrète. Cela dit j’étais trop bouleversé pour envisager de quelle façon cela pourrait être interprété…

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Ven 9 Mar - 1:11
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Elise Beaconsfield
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À peine a-t'il fait quelques pas que l'inconnu trébuche à nouveau et tombe à genoux sur le tapis dans l'entrée. Ses lèvres remuent mais tu peines à deviner ce qu'il dit. Tu essaies de l'aider à se redresser, en vain. Ta faible force rend déjà la tâche difficile mais avec la panique, cela devient complètement impossible. Tu ne sais même pas comment le saisir pour l'aider à se mettre debout. Un bref éclair de lucidité te traverse l'esprit à travers la panique de la situation. Tu comprends que tu n'arriveras jamais à l'emmener jusqu'au fauteuil le plus proche. Tu t'accroupis devant lui, le prends par les épaules pour essayer de capter son attention et tu cries plus que tu ne dis :

-Monsieur ? Vous m'entendez ? Je vais vous prendre quelque chose à boire. Restez là, d'accord ?

Comme s'il allait bouger de toute manière dans son état. Tu te rendrais bien compte du ridicule de cette dernière question si tu n'étais pas complètement dans la panique. Tu n'as en fait aucune idée de quoi lui ramener de la cuisine. Enfin si, n'importe quoi de sucré qui puisse lui donner un coup de fouet. Jus de fruit, sirop, chocolat, ou même du sucre directement. Tu ne sais même pas si cela sera vraiment efficace mais c'est ta seule idée pour l'instant. Tu t'apprêtes donc à te relever pour partir en quête d'un remontant quand sa main te saisit le poignet fermement, coupant ton élan et t'arrachant une exclamation de surprise. Ton regard  fixe une seconde ton bras retenu avant de revenir avec une expression effrayée vers le visage de de l'homme. Il te demande alors comment Evan est mort. Si sa voix se veut calme, la légère hésitation au début de la question et l'émotion qui l'étrangle te laisse deviner dans quel état il est.

Tu le devines d'autant plus car cette nouvelle question ravive un peu plus les souvenirs de la mort de ton mari. La profonde tristesse que tu avais enfouie en toi te revient un peu plus en pleine figure. Si cette tristesse ne t'a jamais vraiment quittée, tu arrives généralement à l'enfouir au plus profond de toi pour pouvoir ressentir autre chose. Malheureusement pour toi, ce type semble bien décidé à la raviver avec ses interrogations. Ton expression se pince un peu plus pour éviter de succomber à ton tour aux larmes. Tu serres les dents alors que tu te remémores ce matin-là quand tu t'es réveillée dans un lit vide et que tu as découvert deux policiers sur ton palier à l'endroit même où se tenait cet homme il y a un instant. Sans te laisser le temps d'expliquer, il recommence justement à te bombarder de questions. Il te demande qui tu es et où se trouve Suzan. La première femme d'Evan. Encore un fantôme du passé qui revient hanté l'endroit. Tu en avais entendu parler de cette femme, par Evan lui-même. C'est justement sa mort qui l'avait fait sombrer dans la dépression il y a onze ans. Ce décès-là a beau ne pas t'avoir affectée directement, tu sais quel mal il a causé à ton mari et à ta fille adoptive. C'est possiblement cela qui motive l'élan de colère qui monte en toi. Il n'y a aucune chance que tu laisses cette histoire revenir faire du mal à Alicia. Elle a déjà assez de mal à gérer tout ce qui lui arrive ces dernières années, elle n'a pas besoin qu'on vienne lui rappeler de tels souvenirs. Tu dégages sèchement ton bras en criant :

-LÂCHEZ-MOI !

Tu tentes de reculer d'un pas mais ton équilibre te fais défaut et tu tombes en arrière. Sans te laisser déstabiliser par cette chute, tu te redresses et tu continue de crier ta rage à l'inconnu.

-ALLEZ-VOUS EN ! JE NE VEUX PAS DE VOS FANTOMES ICI ! VOUS NE CROYEZ PAS QUE NOUS AVONS ASSEZ SOUFFERT ?! LAISSEZ MA FILLE ! LAISSEZ-NOUS !

Les sanglots bloquent ta voix et t'empêche de continuer. Tu enfouis ton visage dans le creux d'une de tes mains, l'autre étant occupée à te soutenir. Seuls tes pleurs résonnent dans la pièce pendant de longues secondes. Tu ne vois plus le visage de l'homme à travers les larmes qui embuent ton regard. Tu finis par trouver la force d'essuyer tes yeux pour y revoir plus clair. Tu découvres alors le visage interdit de ton interlocuteur. Les secondes passées à pleurer ayant suffi à faire retomber ta fureur protectrice, un lourd sentiment de culpabilité s'abat sur tes épaules. Tu murmures en essayant de garder le contrôle de ta voix afin que les pleurs ne la coupent plus :

-Je suis la v... la veu... l'ex-femme d'Evan.

Tu n'arrives pas à prononcer le mot veuve. Pourtant, tu as du te résigner à ce que tu sois la veuve d'Evan il y a longtemps mais pour toi, accepter de dire que tu es veuve, ça revient à dire que tu acceptes la mort de ton mari et ça, c'est trop dur pour toi.

-Cette femme dont vous parlez... Suzan. Elle... elle est décédée elle aussi, il y a onze ans. Un accident de voiture. Je suis vraiment désolée.

Tu baisses les yeux, lui laissant accuser le choc. S'il est un ami d'Evan, tu as conscience de la douleur qu'il doit ressentir après votre échange.

-Vous avez connu Evan, sa femme et leur fille, n'est-ce pas ? Comment les avez-vous connus ?
Dim 11 Mar - 22:53
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Aaron Beaconsfield
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Ma peine avait fait rejaillir mon impulsivité. Mon geste désespéré n’avait pas été interprété de la même façon pour mon interlocutrice qui se retira de mon emprise d’un geste sec qui la fit tomber à son tour. Emporté par sa colère, elle s’était immédiatement se redresser d’une main pour me sermonner dans un timbre tout aussi véhément. Je comprends à moitié ce qu’elle me dit, mais le terme fantôme a l’effet d’un coup de poignard. Elle avait beau le répéter, je n’arrivais toujours à l’assimiler.

Finalement à bout de force, sa voix s’étouffe en un sanglot de peine qu’elle ne peut retenir dans son emportement et elle se contente de couvrir son visage d’une main tout en se soutenant contre le sol de l’autre.

Je la fixe d’un air interdit. Qu’elle parle d’eux comme de fantômes signifie deux choses. D’abord que le pire était arrivé, ensuite, qu’elle les avait connus. Sa peine me laissa même croire qu’ils étaient même probablement particulièrement proches. Mes traits pourtant figés par la surprise et la souffrance semblent néanmoins toujours hurler qu’on me donne des réponses, et la dame consent enfin après une minute de lourds sanglots à dire en essayant de contenir sa propre peine.

-Je suis la v... la veu... l'ex-femme d'Evan. Cette femme dont vous parlez... Suzan. Elle... elle est décédée elle aussi, il y a onze ans. Un accident de voiture. Je suis vraiment désolée.

Onze ans…

Suzan était morte depuis onze ans! C’était donc à peine deux ans à la suite de leur exil de Winnipeg! Comment Evan avait-il pu être borné au point de ne rien nous en dire? Je savais qu’il ne supportait plus mes parents, mais qu’il ait choisi de vivre ce deuil seul. De s’isoler de moi, son propre frère.

Comment as-tu pu te faire subir ça? Pensais-je amèrement en serrant les poings.

Cela dit, je savais en fait la raison qui expliquait pourquoi il ne m’avait rien dit. Lors de son départ, je n’avais pas fait de secret concernant l’opinion que j’avais de Suzan à l’époque. Je l’avais accusée d’être responsable de son départ, celle qui l’avait convaincu de nous laisser derrière et de nous abandonner. Or, Evan n’avait rien d’un imbécile, et il l’avait clairement vu tout le ressentiment que j’éprouvais pour cette femme qui m’avait à toute fin pratique enlevée mon frère. Une colère qui venait de faire surface quelques instants plus tôt alors que j’avais bien l’intention d’en découdre avec la femme qui, je croyais, avait caché la mort d’Evan au reste de sa famille. Toutefois, en apprenant ce que la dame venait de me dire, je ressentis plus que jamais le besoin de le voir, de le serrer dans mes bras pour essayer de le réconforter de ce qui avait dû être l’une des plus terribles épreuves de son existence, mais à quoi bon…? J’étais onze ans en retard…

J’appris également la raison pour laquelle mes questions avaient un tel impact sur mon interlocutrice. Elle était la veuve d’Evan. Et cerise sur le gâteau, elle avait eu une fille avec lui.

Une fille…!? Tu as eu une fille et tu ne nous l’as même pas dit! Pensais-je abasourdi.

La dame n’avait prononcé que trois phrases, mais à elle seule ces simples mots m’avaient ébranlé plus que je ne l’avais jamais été auparavant. Je me mis à trembler, mes idées s’embrouillant aussi sûrement que ma vision à cause des larmes qui ne cessent de couler. Par fierté, je tente tant bien que mal de maintenir contenance, mais mon expression ravagée ne peut pas berner qui que ce soit.

Je me redresse pour m’accoter contre le mur en secouant la tête en murmurant sans cesse des « Non » résignés dans un ultime effort de renier des faits qui ne faisaient pourtant absolument aucun doute. Puis j’entends la veuve d’Evan me demander avec sa tête baissée.

-Vous avez connu Evan, sa femme et leur fille, n'est-ce pas? Comment les avez-vous connus?

La question me prend de court… Ne m’a-t-elle pas entendu il y un instant!

-Évidemment que je l’ai connu, JE SUIS SON FRÈRE, AARON! M’emportais-je lançant mes derniers mots dans un rugissement qui tenait plus de la tristesse que de la colère en réalisant que je devais me résoudre à dire qu’il « était » mon frère désormais.

Comment avait-il pu omettre jusqu’à notre existence à celle qu’il avait épousée?! Celle qui avait porté son enfant! Si ça se trouve, sa fille elle-même ne savait pas qu’elle avait une famille encore!

Me rendant compte que mon emportement avait définitivement le potentiel de l’effrayer, je me tais et grogne de rage avant de me cogner la tête contre le mur derrière lequel je suis adossé en faisant fi de la douleur qui en émane maintenant. Cette femme n’avait rien à voir dans cette histoire, c’était la pauvre victime d’une tout aussi pauvre décision que mon frère avait prise, et qui venait maintenant ruinée nos vies respectives… Elle ne méritait pas que je l’accable ainsi, pour ce que j’en sais, elle souffrait probablement plus que moi.

Le silence s’installa durant quelques instants tandis que nous semblions tous les deux mettre tous nos efforts à contenir notre douleur avec un succès mitigé.

-Désolé, je… Ce n’est pas contre vous, je ne sais juste pas quoi faire, Comment réagir… Débutais-je en étouffant mes sanglots. Evan nous a quittés il y a 13 ans de cela, et pour être honnête, pas dans les meilleurs termes… Je ne pensais pas qu’il nous haïssait au point de nous rayer de sa vie cela dit. Je ne savais même pas que Suzan était décédé, qu’il s’était remarié avec vous, et que vous aviez eu une fille. C’est…

Je n’arrive même pas à finir ma phrase. Seule une longue expiration la ponctue afin de tenter vainement d’évacuer la pression qui ne cesse de s’accumuler dans ma poitrine. Toutes ces révélations s’accumulaient pour former un poids d’une lourdeur incomparable. Non seulement mon frère et ma première belle-sœur étaient morts depuis des années, mais en plus j’étais maintenant l’oncle d’une jeune inconnue. C’était presque trop pour mes nerfs…Et quelque chose me disait que cette journée ne faisait que commencer.

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Mar 13 Mar - 17:16
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Elise Beaconsfield
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Tu restais abasourdie en l'écoutant s'excuser de son emportement. Pour le coup, heureusement que tu étais déjà assise car tu aurais sérieusement vacillé si tu avais entendu cette dernière révélation en étant debout. Le frère d'Evan. Comment était-ce possible ? Voilà maintenant presque onze ans que tu étais rentré dans sa vie sans avoir jamais vu le moindre membre de sa famille et aujourd'hui, deux ans après sa mort, son frère apparaît comme ça sur le seuil de ta porte. Ce garçon nommé Aaron, tu en avais entendu parler il y a longtemps. Ton mari et lui semblait avoir été proche de ce qu'il t'avait raconté. Quand le drame est survenu il y a deux ans, tu t'es mise en quête de ce cadet. Tu avais demander auprès de tous les amis d'Evan mais sans succès. Tu n'avais trouvé aucune trace des Beaconsfield, si ce n'est un vieux couple habitant à l'autre bout du pays. Tu n'avais pas osé les appeler finalement et tu n'as pas eu le temps de continuer à chercher. La paperasse liée au décès t'a demandée énormément de temps et d'énergie à un moment où tu n'en n'avais déjà que peu. Ensuite, tu as commencé à te verser dans ton travail pour payer l'école d'Alicia.

Tu trembles en le regardant, ton accès de colère t'a laissée complètement vide ce qui fait que tu ne sais plus comment réagir ou que penser de tout cela. Maintenant que tes émotions sont retombées, tu es devenue plus sensible aux siennes. Tu perçois les sanglots sous sa voix, la douleur dans ses traits. Tu reconnais même le long soupir qui vient achever sa phrase. Le genre de soupir que l'on pousse le plus longuement possible dans l'espoir vain que les émotions qui enserrent notre cœur puissent sortir avec l'air que l'on expire. Celui qu'on pousse quand tout semble nous submerger et que l'on a l'impression d'être sur le point d'exploser... C'est ta marque de fabrique généralement et il est plutôt rare que tu l'entendes sortis d'une autre bouche que la tienne.

À cet instant, tu as l'impression d'être en face de ton reflet lorsque tu as appris la nouvelle. Tu n'as pas spécialement de pouvoirs féeriques comme la télépathie ou l'empathie mais pourtant tu pourrais deviner avec exactitude les pensées qui tourmentent l'esprit  d'Aaron. Tu en es aussi passée par là.

C'est peut-être le fait que tu t'identifie à lui qui te donne suffisamment de contenance pour te relever et pour oser avancer jusqu'à lui. Ton regard va chercher le sien. Pour essayer de le raccrocher à la réalité, tu fléchis légèrement les genoux afin de te placer dans son champ de vision même s'il a la tête baissée. Tes mains se posent sur ses bras. Une fois que tu as raccroché son attention, tu commences à murmurer :

-Ecoutez, je sais ce que vous devez ressentir. Je sais à quel point ce doit être dur pour vous. Je suis aussi passée par là... Mais il faut que vous sachiez qu'Evan ne... Il ne vous haïssait pas. Tu marques une brève pause, laissant le temps à ton interlocuteur de digérer ce que tu viens de lui dire avant de reprendre. Evan m'a parlée quelques fois de vous. Il m'a racontée beaucoup de ses souvenirs d'enfance avec vous dans le Colorado. La façon dont il vous a inscrit à des cours de musique et comment vous étiez proches. Je n'ai jamais su ce qui s'était passé entre vous mais je vous assure qu'il ne vous détestait pas.

Deviner l'impact de tes mots sur lui est assez difficile tant il est perdu entre toutes ces informations qui lui ont été dites en si peu de temps. Tu prends alors conscience d'une chose. Une curiosité viscérale monte en toi. Une curiosité qui te pousse à renier l’instinct de sécurité qui t'aurait poussée à vouloir te débarrasser de cet inconnu au plus vite comme toute personne ayant deux sous de bon sens. Ce sentiment est si fort que tu ne peux t'empêcher de demander :

-Et ce que vous voudriez rester un moment ?... Enfin, je veux dire. Vous avez peut-être besoin de boire quelque chose ? Je... Nous pourrions ainsi peut-être parler d'Evan ainsi ?

Malgré plusieurs années de vie commune, tu n'avais eu que de maigres bribes d'information sur le passé de ton mari avant qu'il n'emménage à Vancouver. Cette histoire de frère était dingue et tu ignores si ce que tu vas apprendre risque de te plaire mais il y a encore bien trop de secret autour ce cet homme qui avec qui tu as partagé ta vie. Tu t'en es surtout rendue compte quand tu as trouvé ces livres dans ses affaires après son décès. La culpabilité va probablement te mortifier pendant des jours après ça. Tu vas t'en vouloir d'avoir profité de cette occasion malsaine pour obtenir des informations en profitant de la détresse émotionnelle du frère d'Evan mais tu n'y penses pas pour l'instant. Tu as besoin de réponses.
Sam 17 Mar - 19:01
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Aaron Beaconsfield
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Suivant mon soupir, nous restâmes tous les deux dans un silence et une immobilité qui n’étaient troublés que par le son de notre peine commune qui se manifestait par des reniflements et des sanglots loin d’être glorieux. Cela dit, elle se ressaisit plus vite que moi, et je la vois dans ma vision périphérique se relever et se pencher près de moi, serrant de ses mains mes bras dans une poigne qu’elle voulut réconfortante.

-Écoutez, je sais ce que vous devez ressentir. Je sais à quel point ce doit être dur pour vous. Je suis aussi passée par là... Mais il faut que vous sachiez qu'Evan ne... Il ne vous haïssait pas.

Difficile à croire vu les circonstances. S’il ne me reprochait effectivement rien, comment avait-il pu garder la mort de sa femme, son second mariage et la naissance de nièce dans l’ombre. La lourdeur du jugement qu’il avait à mon égard ce jour-là m’avait semblé aussi claire que la lueur du jour, et son silence semblait en être la preuve.

-Evan m'a parlée quelques fois de vous. Il m'a racontée beaucoup de ses souvenirs d'enfance avec vous dans le Colorado. La façon dont il vous a inscrit à des cours de musique et comment vous étiez proches. Je n'ai jamais su ce qui s'était passé entre vous, mais je vous assure qu'il ne vous détestait pas.

Malgré la peine qui poursuit ses ravages, je sens un certain soulagement prendre momentanément place dans mon cœur meurtri. C’était des souvenirs que je chérissais moi-même depuis le moment où Evan avait quitté Winnipeg. Je le revoyais en train de m’écouter pratiquer dans le salon familial lorsque j’eus suffisamment développé mes compétences pour ne pas écorcher les oreilles de ceux qui m’entouraient. Malgré toutes ces années, peu de chose me réconfortait autant que de revoir mon grand frère ainsi, protecteur et attentionné. Un sentiment de complicité et de fraternité qui m’était à jamais interdit maintenant.

Même si je m’y accroche par obstination, mon peu de dignité est pratiquement perdu alors que je suis prostré au sol du vestibule à pleurer et sangloter sans retenue. Soudain, j’entends la veuve d’Evan me demander d’une voix qui avait définitivement repris contenance plus que moi.

-Et ce que vous voudriez rester un moment?... Enfin, je veux dire. Vous avez peut-être besoin de boire quelque chose? Je... Nous pourrions ainsi peut-être parler d'Evan ainsi?

Pour être honnête, je ne pensais pas que parler de mon frère était la meilleure chose à faire sur le coup, mais je savais que je n’aurais jamais la force de m’en aller dans l’état où je me trouvais actuellement. J’acquiesçai d’un hochement de tête résigné, puis avec son aide, je crapahutai jusqu’à un salon près de la porte d’entrée. Après m’avoir énuméré une liste digne d’un restaurant, je murmure distraitement le mot « tisane » et elle il n’en faut pas plus pour qu’elle se précipite hors de mon champ de vision vers la cuisine en me laissant assis dans un grand divan disposé au centre de la pièce.

Durant les minutes qui suivirent, je me concentrai surtout sur la tâche colossale de reprendre mes esprits. Fermant les yeux, et respirant dans un rythme que je régulai volontairement afin de calmer les sanglots qui continuaient de me secouer périodiquement. Une tâche qui ne fut guère aisée, mais après ce qui me parut être une petite éternité, j’y parvins. J’ouvris mes yeux et essuyai les traces laissées par mes larmes sur mes joues, puis, je remarquai soudainement un cadre à photo qui me faisait directement face à travers la pièce. Un simple petit cadre sur une table de chevet près de la fenêtre donnant sur la cour avant de la maison à l’intérieur duquel les regards de trois personnes souriantes semblent me saluer avec jovialité. À gauche, je reconnus la dame qui me préparait une tisane, à droite, je croisai le regard familier d’un Evan visiblement bien plus âgé que ce que mes souvenirs avaient conservé, et finalement, en leur centre, le regard pétillant d’un petit être qui ne devait pas avoir plus de dix ans. Elle avait le teint blanc digne d’une première neige encore intouchée, des traits aussi délicats que la porcelaine et de longs cheveux bruns typiques d’une Beaconsfield.

Hypnotisé par l’image de celle qui ne pouvait être nulle autre que ma nièce, je me levai machinalement et traversai la salle pour m’emparer délicatement du cadre pour mieux observer le petit trio qui semblait au comble de l’allégresse. Je sentis une vague d’émotion m’envahir et menacer de briser le contrôle que j’avais réussi à m’imposer, mais soudain, ma vision périphérique remarqua la dame revenir avec un plateau et sur le coup, je sursautai en la regardant avec un air malaisé.

-Euh, pardon, je… Désolé... Marmonnais-je en restant planté comme un piquet durant un instant avant que mon cerveau m’ordonne d’aller me rasseoir là où elle m’avait laissé.

J’évitai volontairement son regard pour éviter d’amplifier le malaise qui m’enserrait l’estomac, mais lorsqu’elle me servit ma tasse, je n’eus pas le choix de lui rendre un hochement de tête formel. Le silence se maintint ensuite durant quelques minutes le temps qu’elle me laisse prendre ma tisane. Le liquide aromatisé et chaud me brûle presque l’œsophage à cause de la vitesse à laquelle je le bois, mais la chaleur me fait du bien et je me sens me calmer un peu plus. Je remercie silencieusement la veuve d’Evan d’être aussi compréhensive, puis lorsque je me sens prêt, je me tourne vers elle pour lui faire face alors qu’elle était assise à l’autre extrémité du divan.

-Elle a l’air adorable, vous avez eu une fille magnifique, débutais-je en pointant la photo d’un mouvement de tête avec un faible sourire pour souligner mon affirmation.

Cependant, mon expression se durcit aussitôt alors que je soupesai soigneusement si j’étais prêt à connaître la réponse à ma prochaine question. Cela dit, la vérité était que je n’avais pas le choix de le demander. On me la demanderait d’une manière ou d’une autre et aussi bien que j’aie accuser le choc avant les autres.

-Je n’étais pas prêt à entendre cela tout à l’heure, mais je dois savoir et je suis désolé de vous le redemander. Mes deux noisettes se fixent alors dans les yeux de mon interlocutrice et je demande simplement, sans aucunes fioritures. Dîtes-mois comment est-il mort? S’il-vous-plaît…

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Dim 18 Mar - 22:55
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Elise Beaconsfield
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Tu t'adosses au réfrigérateur alors que la bouilloire s'élance à plein régime. Après avoir poussé un long soupir, tu plaques tes mains sur tes oreilles pour essayer de faire taire ce petit murmure vicieux qui te répète qu'il s'agit d'une occasion en or pour en apprendre plus à propos de ton mari et que tu devrais la saisir pour obtenir le plus d'informations possible, qu'importe la manière. Après tout, tu as un certain sens de la diplomatie et tu es devenue une bonne pédagogue au fil des années que tu as passées au conservatoire. Il te serait probablement facile d'enrober ce pauvre garçon fragilisé par la nouvelle que tu viens de lui annoncer, d'endormir sa méfiance et de le pousser à s'ouvrir à toi. Nul doute qu'il aurait de nombreux récits à te livrer sur Evan. Des récits que tu pourrais ressasser longtemps dans ton esprit lorsque ton mari viendrait occuper tes pensées. Tu as besoin d'en savoir plus sur lui. C'est pire qu'une drogue. Tu sais le bien que ça te ferais sur le coup. Ça réchaufferait ton cœur meurtri un moment, ça te ferait sourire. Tu pourrais même en rire. Cependant, cette tendresse ne durerait qu'un moment. Très vite, le monde réel te rattraperait. Tu te sentirais alors encore plus vide, triste et gelée. Tu aurais alors besoin de nouveaux souvenirs à te mettre en tête, des souvenirs frais. Comme tu installerais une nouvelle bougie dans un photophore après que la précédente se soit entièrement consumée. C'est un cercle vicieux cette histoire, à la longue ça te fait plus de mal que de bien. Tu le sais. C'est probablement une des raisons qui t'empêche de tourner la page au sujet de ce décès. Pourtant, tu n'arrives plus à t'en passer. Car ces moments sont ceux où tu te sens le mieux dans ton quotidien morne. Voilà pourquoi tu t'y raccroches comme un junkie à son herbe. Il y a quelques instants encore, tu as succombé à ces pulsions mais maintenant que tu as l'objet de ta convoitise à portée de main, tu te sens prise de remords. Tu refuses de te livrer à ce jeu là. Tu ne le veux pas.  Car malgré cette petite voix, tu sais que c'est mal. Que ce réflexe n'apportera rien de bon, ni à toi, ni à cet homme. Voilà ce qui te pose problème. Tu sais à quoi mène cette voie. Tu vois ce que ça t'a fait. Tu refuses d'entraîner le frère d'Evan sur cette voix.

Ta main frappe sèchement le plan de travail comme un juge aurait donné abattu son marteau pour clore un débat. Tu sais ce que tu as à faire. Tes vices n'auront plus d'emprise sur toi à présent. Tu saisis la bouilloire sifflante, verses son contenu dans deux tasses que tu disposes sur un plateau avec une boite en bois contenant tous tes sachets d'infusion et quelques biscuits. Tu retournes ensuite dans le salon avec l'ensemble. En entrant, tu découvres Aaron en train de contempler une photo D'Alicia, Evan et toi. Il semble gêné d'avoir été ainsi surpris et bredouille de vagues excuses avant d'aller s'asseoir. Tu ouvres alors la boîte pour que vous puissiez tous les deux choisir avec quel arôme vous alliez infuser votre breuvage. Un mélange de pomme et de cannelle pour toi. Pendant que l'eau s'imprègne, le silence retombe sur vous deux. Il pourrait être dérangeant mais tu préfères ce silence à une conversation parlant d'Evan qui raviverait tes démons. Ton invité lui, semble cependant préférer relancer le dialogue et murmure un compliment au sujet d'Alicia. Ton regard se pose alors machinalement sur le cadre photo qu'Aaron regardait il y a un instant. Cette image est l'une de tes préférées. Depuis toujours. C'est pour cela que tu n'as pu te résoudre à l'enlever pour la ranger dans tes albums avec les autres précieuses photos de ta vie de couple. Celle-ci rayonne d'une telle joie. Elle te rappelle de merveilleux souvenirs. Elle date de vos dernières vacances en famille. Vous étiez partis dans les rocheuses pour faire du camping. Un vieux rêve de ton mari. Pour la citadine que tu es, cette semaine en pleine nature a pris des allures de cauchemars mais pour le bonheur de tes deux amours, tu as tenu le coup. Alicia était surexcitée et passait ses journées à rigoler. En voyant son visage comblé, tu as l'impression d'entendre à nouveau son rire flûté.

En te rendant compte de ce que tu es en train de faire, tu arraches rapidement tes yeux de l'image. Ne pas se laisser avoir par la nostalgie. Tu sais ce que tu dois garder la tête froide Elise, rappelle t'en !

Malheureusement, tu sens que cette résolution va se trouver vite compromise quand tu entends ton interlocuteur commencer à revenir sur le sujet de votre conversation initiale. Ton instinct te souffle d'esquiver la conversation si tu le peux car la question qui va suivre risque de ne pas te plaire.

-Dîtes-mois comment est-il mort? S’il-vous-plaît…

En effet, ton instinct ne s'est pas trompé. Si tu savais que tu n'allais pas couper à un échange au sujet d'Evan, il y a bien un sujet que tu ne souhaites pas aborder et c'est celui-là. Déjà qu'il a du subir un gros choc en apprenant le drame, les circonstances risquent de ne pas lui plaire. Tu aurais voulu lui mentir mais tu n'y arrives pas. Son ton et ses yeux implorants t'en empêchent.  Tu te permets tout de même de lui glisser une mise en garde

-Ecoutez, je sais ce que ça représente pour vous mais... Je ne crois pas que ce soit une très bonne idée. Êtes-vous vraiment sûr de vouloir le savoir ? Tu marques une pause, espérant qu'il se ravise mais il te répond par la positive. Tu soupires donc avant de lâcher d'un ton sombre. En fait,
on ne sait pas vraiment ce qui lui est arrivé... On l'a trouvé dans une rue un peu plus loin. On suppose qu'une bête l'a attaqué. Son corps avait été violemment griffé et... Il... On... Cette bête lui a déchiqueté la gorge et avant de le vider de son sang.
Tu t'arrêtes un instant pour réprimer un sanglot et pour essuyer une larme qui apparaît au coin de ton œil. La police n'a jamais su expliquer ce qui l'avait attaqué. Je n'avais même aucune idée de ce qu'il faisait là-bas en pleine nuit.

Ton chagrin t'es de nouveau revenu en même temps que les souvenirs de ce jour où tu as trouvé ces deux policiers devant ta porte, l'air grave, quand il t'ont annoncé la funeste nouvelle. Tu ressens l'appel de la photo et le besoin de plonger ton regard dans quelque chose de doux, de chaleureux et de réconfortant. Il n'y a plus de résistance en ton for intérieur pour empêcher ta tête de tourner pour ramener ce souvenir dans ton champs de vision. Dès que tes yeux croisent ceux de ta petite famille, tu ressens une forme d'apaisement. C'est avec cette douce nostalgie dans ta voix que tu continues.

-Après ça, Alicia n'a plus jamais été la même. Pauvre cœur.... Elle a d'abord perdu sa mère, puis son père... Avant même d'atteindre ses onze ans. Aucun enfant ne devrait avoir à vivre une telle chose, vous ne pensez pas ? Elle est si courageuse de continuer d’avancer malgré tout ça... Tu te détournes de la photo pour revenir à ton invité. Tu pousses un énième soupir avant d'achever sur ce constat amer : Je suis la seule famille qui lui reste maintenant... Il n'y a plus que nous deux...

Le silence retombe après cette déclaration. Tu bois une gorgée de tisane sans grande conviction. Tant pis si elle te brûle quand tu l'avales. Au moins, ça te permets de sentir autre chose que cette froide tristesse en toi. Du coin de l'œil, tu vois la mine déconfite d'Aaron. Tu as mis un sacré coup à l'ambiance déjà bien morose de la pièce.
Lun 19 Mar - 22:54
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Aaron Beaconsfield
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Mon insistance sur le sujet sembla troubler fortement mon hôtesse. Sans surprise pour être franc étant donné la nature dudit sujet de conversation, mais je n’en démordais pas. J’avais besoin de connaître les faits, c’était viscéral, vital même. Rester dans l’ignorance était tout simplement hors de question…

Ma volonté fut légèrement ébranlée par l’acharnement similaire qu’elle mobilisa pour me dissuader, mais je maintins mon regard sur elle d’un air implacable et déterminé, attendant sa réponse avec appréhension.

En fait, on ne sait pas vraiment ce qui lui est arrivé... On l'a trouvé dans une rue un peu plus loin. On suppose qu'une bête l'a attaqué. Son corps avait été violemment griffé et... Il... On... Cette bête lui a déchiqueté la gorge et l'a vidé de son sang. La police n'a jamais su expliquer ce qui l'avait attaqué. Je n'avais même aucune idée de ce qu'il faisait là-bas en pleine nuit.

Un vampire… Comment as-tu pu t’en mettre un à dos. Quelles étaient les chances?

C’était à n’y rien comprendre! Evan avait souhaité se maintenir hors de tous les conflits de l’univers surnaturel prenant place à l’insu de l’espèce humaine. S’il l’avait vraiment souhaité, il n’y avait pratiquement aucune chance qu’un vampire l’attaque. À moins d’être exceptionnellement malchanceux… Ce qu’il avait toujours été en réalité maintenant que j’y pensais, mais qu'importe les raisons, j'avais bien l'intention de mettre fin à ces jours... Toutefois, nonobstant le haut-le-cœur qui prend forme dans ma gorge en entendant les détails sur les circonstances de sa mort, les quelques secondes de silence qui suivent permettent à mon esprit de comprendre un point d’une très grande importance que je n’avais définitivement pas anticipé depuis mon arrivé ici.

C’est une humaine…!?

C’était la seule réponse envisageable. N’importe quel sorcier un tant soit peu perspicace n’aurait eu aucune difficulté à résoudre le mystère sur la mort d’Evan avec autant d’indices. Qu’elle n’ait pas compris m’amena à me rendre compte que je devais être excessivement prudent sur ce que j’allais divulguer prochainement à cette dame. Bien que la question du fameux « secret » à préserver était clairement une variable à considérer, le problème qui me traversait l’esprit c’était que je ne devais pas dire quelque chose qui la ferait croire que j’étais atteint d’une sorte de délire psychédélique… Un mot de travers et je me trouverais expulser de sa maison aussi rapidement que j’y étais entré.

Cela dit, mes pensées furent de nouveau bousculées lorsqu’elle enchaîna :

-Après ça, Alicia n'a plus jamais été la même. Pauvre cœur.... Elle a d'abord perdu sa mère, puis son père... Avant même d'atteindre ses onze ans. Aucun enfant ne devrait avoir à vivre une telle chose, vous ne pensez pas ? Elle est si courageuse de continuer d’avancer malgré tout ça... Je suis la seule famille qui lui reste maintenant... Il n'y a plus que nous deux...

Alicia n’est pas sa fille!?

Si c’était la fille d’Evan et Suzan, cela voulait dire qu’elle était une sorcière… Et cette pauvre dame n’avait fort probablement aucune idée du don que portait sa fille adoptive.

Dès cet instant une avalanche de questions inonda mon esprit. Étaient-elles au courant de son don? Son pouvoir s’était-il déjà manifesté dans les dernières années? Normalement à son âge se serait possible en théorie. Le cas échéant, est-ce qu’Evan avait pu l’encadrer un peu avant sa mort? À quel point si c’était le cas? Est-ce qu’Evan ou sa fille avait fait part de leur situation à cette dame pour ne pas conserver un secret dans la famille?

Mais quel merdier… Pensais-je en soupirant.

Un soupir qui était clairement inapproprié en considérant ce qu’elle venait de dire, mais elle n’avait aucunement conscience de la complexité de la situation dans laquelle notre trio se trouvait. Après tout, nous avions d’une part la veuve d’un sorcier élevant la fille dudit sorcier sans savoir la vérité sur eux. De l’autre, un oncle inconnu autant à l’une qu’à l’autre qui sortait de nulle part afin de demander des nouvelles d’un frère perdu qu’il croyait toujours en vie dans l’optique que ce dernier l’aide à trouver son ex-femme vampirisée. Et enfin, une jeune fille en deuil de son père et de sa mère biologique, inconsciente de l’existence de sa famille à l’autre bout du pays, et fort possiblement confuse face à un don qu’elle ne comprenait sans doute pas entièrement et qu’elle avait possiblement maintenue cachée de sa mère depuis des années.

Le choc de la mort d’Evan était loin d’être estompé, mais en faisant mentalement le bilan de notre situation déplorable, je me surpris à omettre la douleur qui m’enserrait la poitrine pour laisser place à une curiosité croissante et même envahissante qui prit le contrôle de mes pensées. J’avais en ce moment même la chance de rencontrer Alicia, la fille de mon frère et le dernier vestige de sa personne sur cette terre. Malgré le drame qui venait de me tomber sur les épaules, je ne pouvais m’empêcher de vouloir connaître ma nièce. Encore fallait-il qu’elle souhaite me rencontrer et me connaître aussi, mais c’était plus fort que moi. J’aurais une vie pour pleurer mon frère, mais seulement une chance de gagner la confiance d’Alicia et sa mère.

Mon soupir avait fait place à un nouveau silence devenant de plus en plus inconfortable alors que ces pensées me traversaient l’esprit. Par respect ou par malaise, mon hôtesse n’ose pas poser davantage de questions et je l’en remercie. Qu’importe la raison, j’avais bien besoin de ce moment de répit pour me remettre de la peine qui menaçait à tout moment de faire surface à nouveau.

-Non en effet, ce genre d’épreuve ne devrait pas être subi par une fille de son âge… Soit dit en passant, je n’avais pas compris qu’Alicia n’était pas de vous, je suis désolé d’avoir sauté aux conclusions. Dis-je d’un timbre neutre et volontairement contrôlé pour éviter les tremblements dans ma voix de revenir en force tout en prenant une autre gorgée de tisane maintenant d’une température beaucoup plus adéquate. Ne le prenez pas mal, ce n’est pas un reproche. Je suis sûr qu’Evan vous a épousé pour de bonne raisons et ma nièce était entre de bonnes mains. D’ailleurs, si ce n’est pas indiscret, je suis vraiment curieux de savoir... Pensez-vous que je pourrais la rencontrer? Je sais que j’ai toutes les apparences d’un étranger pour vous, mais si je peux vous prouver que j’ai connu Evan, qu’il était mon frère, je suis prêt à tout.

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Mar 20 Mar - 19:31
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Ce que tu as dit semble avoir beaucoup troublé Aaron. S'il semblait vouloir poursuivre la conversation pour découvrir ce qu'étais devenu son frère, la dernière révélation que tu lui as faites semble l'avoir plongé dans une sorte d'état de choc. Il ne dit plus rien, son regard reste dans le vide, l'expression de son visage reste impassible. Le réflexe de toute personne normale aurait été d'essayer de le sortir de ses pensées probablement sombre. Cependant, tu ne le fais pas. Tu sais ce qu'il doit ressentir et tu comprends donc à quel point il est important de lui laisser le temps d'assimiler les nouvelles et de faire le tri dans ses pensées. Tu te contentes donc de boire ta tisane en lui jetant quelques regards furtifs. La situation s'éternise ainsi plusieurs longues minutes. Seul un soupir de la part de l'homme vient interrompre le silence de mort qui pèse dans l'air. Etant donné que ce soufflement est la seule réponse qui vient à ce que tu as dit à propos d'Alicia et de son courage, ton instinct maternel aurait tendance s'en offusquer. Ta conscience te souffle cependant que ce n'est pas en rapport avec tes dernière paroles. Sa réaction serait arrivée plus vite.

Finalement, il semble revenir à lui. Après avoir exprimé son accord quant à ton point de vue sur le courage d'Alicia, il s'excuse de t'avoir prise pour sa mère. Cela t'arracherait bien un sourire. S'il savait le nombre de fois où les gens on fait le lien entre Alicia et toi. C'est devenu si habituel que tu n'y fais plus vraiment attention et après tout, qu'importe si le sang qui coule dans vos veines n'est pas le même. Cela ne change rien à la relation que vous entretenez. Elle restera toujours ta fille à tes yeux. Tu prends soin d'elle depuis qu'elle est bébé et tant que tu seras en état de le faire, tu continueras de t'en occuper. Cependant, ton interlocuteur semble un peu gêné de t'avoir dit cela parce qu'il se répand en excuses maladroites qui, elles en revanche pourrait bien te vexer. Qu'est-ce qu'il veut dire par "t'épouser pour de bonnes raisons" ? Était-il en train d'insinuer qu'il jugeais que tu n'étais pas assez bien pour Evan ? Comment se permettait-il de porter ainsi jugement sur votre histoire d'amour ? Lui qui avait été absent de la vie de son propre frère pendant plus de douze ans ! Ce n'est pas l'envie qui te manque de le lui dire. Au moins, il a l'intelligence de ne pas s'enfoncer plus longtemps et de changer de sujet. Cependant après sa petite remarque assez mal placée, tu es assez peu encline à répondre positivement à sa demande pour rencontrer Alicia. Tu t'apprêterais à lui envoyer un "non" catégorique mais tu te ravises bien vite. Et si c'était vrai ? Si cet homme est bien le frère de ton mari, du père d'Alicia. Ce serait alors l'occasion unique pour elle de rencontrer sa famille paternelle. Tu ne pouvais pas prendre la décision d'envoyer paître Aaron sans y réfléchir un minimum.  Les mots du psychologue de ta fille te reviennent alors en tête. Au cours d'une discussion que vous aviez eu tout les deux à l'issu d'une séance, il t'avait parlé des bienfaits qu'un lien avec la famille de ton mari pourrait avoir sur ta fille.  Cela lui permettrait peut-être de diminuer le sentiment de solitude et d’errement qu'elle traverse. À ce moment-là, la question avait été vite réglée puisque tu n'avais aucune idée d'où se trouvait le reste des Beaconsfield. Maintenant, l'opportunité est bien là. Tu ne sais pas quel genre d'impact cela pourrait avoir sur elle si la rencontre s’avérait ne pas bien se passer.

Devant te sentir songeuse et peu convaincue, Aaron insiste. Quand il dit être capable de tout pour prouver qu'il est vraiment le frère d'Evan, tu sens le petit démon sur ton épaule se réveiller. Ta tête se redresses pour venir fixer ton interlocuteur droit dans les yeux. Ton regard est partagé entre ta curiosité malsaine et le doute de ton instinct protecteur. Si tu acceptes, tu t'engouffreras alors dans ces histoire, entraînant Alicia avec toi au passage. Une fois le pas franchi, tu ne sais pas s'il sera possible de faire machine arrière si ce que tu vois te déplaît. Après tout, il ne faut pas oublier que si Evan avait coupé les ponts avec ces gens, il devait y avoir une raison. Cela dit, peut-être cette raison n'était-elle plus d'actualité. Tu n'as jamais su ce dont il s'agissait, ton homme étant trop borné pour avoir daigné te le dire. Mais peut-être était-ce là une bonne entrée en matière pour apaiser tes doutes justement. Sans lâcher les iris bruns de ton interlocuteur, tu commences :

-Dans ce cas dites-moi qu'est-ce qui a poussé Evan a s'éloigner de sa famille et de refuser tout contact avec eux pendant treize ans ?Ecoutez, je sais que ce ne sont pas des souvenirs très faciles mais je vous en prie, soyez honnête avec moi. J'ai besoin de le savoir s'il est question de vous présenter Alicia. Elle n'a déjà que trop subi et je ne veux pas prendre le risque de voir d'anciens conflits familiaux de son père lui retomber dessus. Vous comprenez ?

Tu t'efforces de garder la tête froide et de ne pas prêter attention à la voix au fond de toi qui te murmures de réclamer des histoires, des images, des films même... Tu prendrais n'importe quoi ayant rapport avec Evan en toute honnêteté, s'il n'y avait que toi d'impliquée dans cette histoire. Pour l'instant cependant, tu te concentres sur les intérêts de ta fille. C'est la mère en toi qui parle à l'heure actuelle, c'est cette maman ours qui tient tes pensées d'une main de fer et qui guette les réactions d'Aaron avec une certaine fermeté.
Dim 25 Mar - 17:36
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Aaron Beaconsfield
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Lorsque j’avais laissé mes derniers mots franchir mes lèvres, je n’avais réellement aucune intention de mentir à  cette femme, ma belle-sœur et la mère adoptive de ma nièce. Cela dit, j’avais espéré qu’elle me demande de parler d’Evan. Ce à quoi il ressemblait, ce qu’il appréciait, ce qui le caractérisait. Ses manies, ses intérêts, ses angoisses… Aussi évident la question qu’elle venait de me poser semblait être, ça va paraître con, mais je n’étais vraiment pas prêt à ce qu’elle demande ça…

Mais en même temps, à quoi m’attendre? J’avais moi-même avoué qu’Evan nous avait volontairement quittés en de mauvais termes, quoi de plus naturel pour elle que d’enfin savoir pourquoi? Il n’en avait définitivement pas soufflé le moindre mot puisqu’elle apparaissait sincèrement désemparée par toute la situation et ce qu’elle cherchait en cet instant c’était la réponse à une question que son mari avait laissée en suspens depuis trop longtemps. Je ne la plaignais pas, je ne pouvais pas faire autrement que de comprendre. Cela dit, la vérité sur le sujet était si délicate… Devais-je réellement lui dire?

Non…

C’était impossible, du moins pour le moment…  Je ne pouvais pas l’assommer avec toute une série de vérités qu’elle n’était clairement pas prête à connaître. Mais une chose était sûre, elle allait devoir y faire face. Je ne la maintiendrai pas dans l’ignorance éternellement, de ça je m’en fis la promesse. Cela dit, avant de révéler quoi que ce soit d’autre, il me fallait absolument parler avec Alicia. Tout serait plus facile à déterminer une fois que j’aurai pu discuter avec elle, mais en attendant, le mensonge était ma seule option. Après, encore fallait-il que je sorte un mensonge convaincant dans les fractions de seconde qu’il me restait.  

Je déviai mes iris des siens en me raclant la gorge afin de me donner un peu plus de temps pour réfléchir tout en essayant de donner l’impression que la question me mettait mal à l’aise. J’ignorai l’effet que ma petite manœuvre eut sur mon interlocutrice, mais j’espérai de tout cœur que ce soit suffisant… Puis, après avoir repris une autre gorgée de ma tisane, mon regard revint vers elle alors qu’un faible sourire tentait d’illuminer mon visage sans grand succès.

-Vous avez sans doute remarqué qu’Evan pouvait être très rêveur quand il le voulait… Perdu dans ses livres, son imagination et ses recherches. Et bien disons que nos parents sont plus, comment dire, « terre à terre ». Ils ont une boutique de joaillerie à Winnipeg et malgré tout son talent Evan n’a jamais souhaité prendre la relève de leur commerce et bien malheureusement pour eux, ni moi, ni ma sœur n’avons les mêmes facilités qu’Evan à ce sujet. La tension entre mes parents et lui s’est accumulée durant des années alors qu’ils ont essayé par tous les moyens de le convaincre de laisser son job à l’université pour porter le flambeau, mais Evan ne voulait rien savoir, et croyez-moi ce n’est pas faute d’avoir insisté… Ce qu’il pouvait être têtu parfois… Pas que je reproche sa décision, hein! Cela dit, au bout du compte, leur entêtement à créer du ressentiment, et mes parents ont finalement décidé de menacer Evan d’être déshérité s’il ne laissait pas son poste pour de bon. Disons que ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase…

Beaucoup de demi-vérités dans ce simple monologue, mais c’était ça le but, ces dernières étaient toujours les meilleurs de tous les mensonges. Plus crédibles, et plus faciles à créer sur un coup de tête comme en ce moment. J’espérais vraiment que ça suffirait…

En fait, pour ne pas lui laisser le temps de poursuivre sur ce train de pensée, j’enchaînai aussitôt en lui disant :

-C’est de l’histoire ancienne cela dit. Moi et ma sœur avons tous les deux été dévastés par son départ, et mes parents aussi même si ça leur prit beaucoup plus de temps à l’admettre. Il n’y a rien qu’Alicia ou vous n’ayez à craindre à ce sujet. Je n’ai pas l’intention de vous faire subir à elle ou à vous plus de peine que ce que vous avez déjà eu à vivre.

Là-dessus, j’étais totalement sincère, j’avais besoin qu’elle me croie. Qu’elle me laisse voir la fille de mon frère, la dernière trace d’Evan en ce monde. Autant je comprenais les réserves qu’elle devait avoir, autant j’espérais qu’elle saurait comprendre la nécessité de cette rencontre sans s’éterniser dans des vérifications qui m’apparaissaient superflus. Mais peut-être était-ce dû à ma volonté de ne pas dire quoi que ce soit de compromettant, ou encore plus simplement à l'impatience typique de mon caractère...

En essayant de l’implorer silencieusement d’accepter, je me surpris à ne pas savoir à qui j’avais à faire exactement, et je demandai alors spontanément :

-Au fait, désolé de ne pas vous l’avoir demandé plus tôt, mais comment vous appelez vous?

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Elise Beaconsfield
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Tu ne perds pas une miette de l'explication d'Aaron, tel un buvard absorbant l'encre d'un stylo, tu retiens toutes les données de cette histoire. En confrontant ces informations à ce que tu sais d'Evan, ce récit te semble cohérent. Cela pourrait tout expliquer. Tu commences alors à comprendre ce qui avait pu pousser ton mari à préférer vivre son deuil seul plutôt que de revenir vers sa famille. Au fond, tu comprends un peu l'attitude de ses parents. Toi aussi tu avais été un peu déçue quand ton fils s'était montré davantage intéressé par les billes et le vélo que par la musique. Tu avais espérer secrètement que cela s'arrange en grandissant. Evidemment, ta vie a fait en sorte que tu ne saches jamais si la musique allait lui tenir à cœur ou non mais tu imagines que tu aurais effectivement pu avoir un peu de mal en voyant que ton garçon n'allait pas devenir le grand musicien que tu voyais en lui. Bon, tu n'aurais pas été jusqu'à le menacer de le déshérité. Tu n'a jamais été capable de réellement menacer qui que ce soit de tout manière alors tu n'aurais certainement pas pu le faire avec ton enfant.

En entendant le lieu où est situé la bijouterie des parents d'Aaron, tu tiques. Hébétée tu répètes à voix basse, le regard dans le vide :

-Winnipeg... Ça n'a pas de sens... Pourquoi ?...

La question ne s'adresse pas spécialement à ton interlocuteur. Tu ne comprends pas. Evan t'a dit être originaire du Colorado. Alors qu'est-ce que cela voulait dire ? Jusqu'à preuve du contraire, Winnipeg était au Canada. T'aurait-il menti sur ses origines ? Pourquoi cela ? Craignait-il à ce point que sa famille revienne dans vos vies ? Ou alors peut-être ce soi-disant frère te mentait-il ? Après tout, ce n'est pas comme si tu le connaissais depuis des années. Tu l'as rencontré il y a tout juste une heure et si la perspective d'apprendre tout ce qu'il pouvait potentiellement savoir sur ton mari t'a poussée à vouloir lui donner une chance et de ne pas lui claquer la porte au nez, il vaut mieux ne pas lui accorder trop de crédit non plus. Tant qu'il ne peut le prouver par "A+B", ses paroles ne pourront avoir plus d'impacts que celle de ton bien-aimé. Evan avait son lot de secrets, tu le sais. C'était d'ailleurs le sujet de vos disputes les derniers mois. Pourtant tu as confiance en lui.

Ce chemin de pensées te fais douter de plus en plus de ton interlocuteur. Heureusement, il a la bonne idée de relancer la conversation avant que tu ne te refermes davantage.

-Oh, je.. Je ne me suis pas présentée ? bredouilles-tu, confuse. Je suis désolée. Je m'appelle Elise.

Quelle étourdie ! Il faut dire que cette rencontre a été forte en émotions jusqu'à maintenant. Un soupir t'échappe. Tu es complètement perdue. Cet homme a beau te rassurer en te disant qu'il n'y a pas de risque de conflit familiaux pour Alicia et toi si vous entriez en contact avec le reste des Beaconsfield, tu ne sais pas si tu peux le croire. S'il te semblait sincère, son histoire présente quelques aspects qui ne corroborent pas avec ta version des faits. Malheureusement, tu ne pourras avoir pour cette histoire que les dires d'un inconnu que tu as vu pour la première fois ce matin contre ceux d'un homme aujourd'hui décédé... Si seulement tu pouvais vérifier ses dires sur un sujet vérifiable.... Tu retournes son histoire sous tous les angles quand une partie du récit se voulant plutôt anodine te vient en tête. ...Perdu dans ses livres, son imagination et ses recherches.... Ses livres, hein ? La voilà ta solution ! Un mensonge d'Evan que tu as pu percer à jour. À ce sujet, on ne pourrait te mentir ! Tu les avais vu de tes propres yeux ces livres inquiétants rédigés dans une langue étrange et remplis de symboles.

Bien décidée à tirer ça au clair, tu rives tes yeux dans ceux de ton interlocuteur et tu demandes calmement :

-Alors il était déjà grand lecteur à l'époque, n'est-ce-pas ? Dîtes-moi, quel genre d'ouvrages lisait-il à l'époque ? Je serais curieuse de savoir s'il menait déjà le même genre de recherches à l'époque...

Ton sourire est empreint d'une légère nostalgie mais surtout d'une grande satisfaction. Le moment de vérité était maintenant arrivé. En fonction de la réponse d'Aaron, tu allais savoir s'il était réellement le cadet de ton mari ou s'il n'était ni plus ni moins qu'un charlatan, venu dans le but de vous entraîner ta fille et toi dans tu-ne-sais-quelle galère. Tu t'enfonces dans ton fauteuil en gardant ton air calme. Après avoir bu une gorgée de ta tisane, tu laisses retomber le silence afin de signifier à Aaron que tu es prête à entendre sa réponse. Au fond, tu espères qu'il te dira la vérité. C'est de ça que tu as besoin maintenant. Tu as besoin de savoir si tu peux croire en lui. Pour Alicia mais aussi pour toi bien que tu ne veuilles pas l'admettre. Tu le supplierais pour qu'il te dise la vérité. Ton visage n'en laisse cependant rien paraître, muré dans cette expression détendue, légèrement souriante et qui aurait pu être tout-à-fait innocente si l'on ne sait pas quel sujet glissant tu viens de mettre sur le tapis.
Mer 28 Mar - 21:34
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Aaron Beaconsfield
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Elise… Pensais-je en l’entendant prononcer son nom. Un nom délicat… À l’image de la dame fragile qui paraissait songeuse depuis l’avalanche de faits que je venais de lui dire. De tout ce que je venais d’énoncer, la mention de Winnipeg parait lui faire le plus d’effet et je comprends aisément pourquoi. En considérant le fait qu’elle avait parlé de notre supposée enfance au Colorado, je lui donnais encore plus de questions que de réponses, mais au moins j’avais l’assurance de pouvoir dire que je ne mentais pas cette fois-ci. Aussi con ça puisse paraître, ça me réconfortait.

Visiblement plongé dans ses pensées, je laisse mes dernières paroles s’imprégner et tourner dans son esprit tandis que je termine le fond de ma tasse et que je la dépose sur la table à café adjacente au divan sur lequel nous étions assis. J’inspirai à nouveau, pour maintenir mon calme et c’est à cet instant que je remarquai son regard se fixer sur moi, ses iris bleus sondant les miens avec une expression calme, mais avec une intensité qui me déstabilisa un peu.

-Alors il était déjà grand lecteur à l'époque, n'est-ce-pas ? Dîtes-moi, quel genre d'ouvrages lisait-il à l'époque ? Je serais curieuse de savoir s'il menait déjà le même genre de recherches à l'époque...

La question me prit de court un instant. Je ne voyais vraiment pas ce qui amenait ce sujet sur le plancher. Cette demande m’apparaissait tellement hors contexte!? Était-ce vraiment tout ce qu’elle souhaitait connaître de son défunt mari afin d’avoir la preuve que j’étais son frère? Elle semblait avoir encore des réticences à me laisser rencontrer Alicia puisqu’elle venait de faire dévier la conversation dans une autre direction plutôt qu’acquiescer à ma requête. Ça ne m’étonnait pas vraiment vu les circonstances, cela dit, si c’était effectivement le cas, je ne comprenais pas en quoi cette question était réellement pertinente pour lui prouver mon lien de parenté avec Evan. La mention de Winnipeg l’avait visiblement décontenancée, qu’attendait-elle pour me poser des questions sur ça? N’était-ce pas un sujet nettement plus pertinent? Je pourrais lui parler du « Evan » qu’elle n’avait jamais connu. Celui qui canotait avec moi sur le lac Winnipeg pour aller faire de la pêche. Celui qui avait construit à moi et ma sœur une cabane perchée dans le colossal chêne qui dominait la cour de la maison de mon enfance. Celui qui m’avait lu mes tout premiers livres parce que j’étais trop borné pour daigner les lire moi-même dans les premiers temps? Mais qu’est-ce qu’on pouvait se foutre des recherches qu’il avait menées avant sa mort!?

Pourtant, dans ses yeux, il n’y a plus la peine et la confusion que j’avais pu voir quelques minutes plus tôt. Il y avait quelque chose… Quelque chose que je n’arrivais pas à expliquer, mais qui revêtait une importance qu’elle seule pouvait comprendre.

Ultiment, je m’en foutais un peu. Je ne savais pas pourquoi elle tenait à savoir cela, mais au moins c’était une question facile à répondre. Je ne savais pas quelles étaient les recherches d’Evan depuis son départ de Winnipeg, mais s’il avait continué son travail en littérature, je supposai qu’elle remarquerait la différence de sujet par elle-même.

-Écoutez, je n’ai jamais vraiment porté plus attention que ça à ce qu’il faisait. J’aime la littérature aussi, mais surtout pour me divertir, pas pour en faire des recherches durant 4 ans de suite comme il faisait… Mais si je me souviens bien, il analysait la littérature de voyage française et anglaise de l’époque moderne, du 16e au 18e siècle. Il voulait classifier cette forme d’écriture comme genre à part entière, du moins, je crois.

C’était très simpliste comme réponse, mais bon ces souvenirs remontaient à plus de 13 ans. Elle ne pouvait quand même pas s’attendre à un rapport complet non plus!

Je la laissai soupeser un instant mes propos, et je ne sais pas pourquoi, mais j’avais l’impression qu’il y avait une pointe de déception dans ses traits… Difficile à dire cela dit. Puis, profitant du court moment de réflexion qui suivit, j’attendis un peu avant de lui demander.

-Si ça n’a toujours pas suffi à vous convaincre, je peux répondre à d’autres questions pour vous. Cela dit, je vous assure, Alicia et vous n’avez rien à craindre de moi.  

J’aimerais tellement que ce soit aussi simple que de le dire… Mais en mon for intérieur, je savais que ce ne l'était pas du tout. Surtout sur un sujet aussi épineux que celui de la confiance...

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Dim 1 Avr - 17:03
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Elise Beaconsfield
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La réponse que te fournit Aaron te satisfait bien qu'une part de toi soit un peu déçue de ne pas savoir ce qui se cachait derrière ces livres mystérieux. Si le sujet d'étude qu'il t'a donné n'était plus d'actualité depuis un certain temps, tu as souvenir d'avoir vu des ouvrages faisant références à cela dans sa bibliothèque. À vrai dire, tu n'as jamais compris ce qui avait pu intéresser ton mari dans tout ça. Quand il débattait là-dessus, le sujet t'assommait plus qu'autre chose même si tu faisais de ton mieux pour qu'il ne le voie pas... En tout cas, plus que la réponse, c'était surtout la réaction de ton interlocuteur que tu voulais voir ici et tu n'as pas été déçue. S'il avait su pour les livres sataniques, il n'aurait pas été surpris d'une telle question et Aaron semblait sincèrement avoir été pris de court. S'il était venu pour cela, il aurait paru plus satisfait que surpris que le sujet arrive sur la table et s'il avait voulu te mentir, il aurait marqué une hésitation le temps d'élaborer son mensonge avant de te répondre. Ici, une fois passée la surprise, il t'a répondue du tac-au-tac. Voilà qui semblait être une réaction honnête. Si tu ne devais te fier qu'à ton intuition, tu lui poserais encore d'autres questions. Des dizaines. Sur toutes ces petites particularités d'apparence banales mais que seuls ceux ayant côtoyé Evan au quotidien pourraient savoir. Le fait qu'il fredonnait exclusivement des airs de Sinatra, qu'il ne mange jamais de chocolat à moins que celui-ci ne soit à l'orange, sa fâcheuse manie d'emmener son livre au lit et de laisser ses lectures s'entasser sur sa table de chevet jusqu'à ce que tu lui fasses une scène pour qu'il se décide à les ranger.... Cela t'amusait. Quand tu lui faisais la remarque, il se défendait à chaque fois en disant qu'il avait toujours été comme ça depuis son enfance et que ce n'était plus à son âge qu'il allait se refaire. Une excuse un peu facile mais ces petites singularités étaient une partie de ce qui faisait son charme alors tu ne luttais pas avec beaucoup d'ardeur contre elles... Tu pourrais peut-être jouer là-dessus pour vérifier si Aaron était effectivement un proche de ton mari. Ça semble même une plutôt bonne idée. Il y a bien peu de chance que ce type soit venu avec un album photo de famille ce qui fait que tu n'auras que sa parole pour te rassurer un peu.

Et là, quand tu l'entends insister pour rencontrer Alicia tu aurais bien besoin de preuves pour te rassurer. Un tel comportement aurait plutôt tendance à t'inquiéter. Qu'est-ce qui pouvait bien le pousser à vouloir absolument rencontrer sa nièce au plus vite ainsi avant même d'avoir su prouver qu'il était le frère d'Evan ? À brûler les étapes ainsi, il te met un peu mal à l'aise. Tu te demandes si tu as bien fait de le laisser entrer... Tu comprends bien sur son réflexe. S'il vient d'apprendre la perte de son frère, il peut-être au moins légitime qu'il souhaite rencontrer sa nièce. Tout oncle souhaiterait cela, d'autant plus quand l'enfant est tout ce qu'il reste d'un proche disparu. Tu souhaites pouvoir lui faire confiance mais tu sais tout l'importance de ta décision et les enjeux qui gravitent autour.

Pesant le pour et le contre, tu bois une longue gorgée de ta tisane. Cela permet de prolonger le silence de quelques secondes afin que tu puisses aller au bout de ta réflexion. Finalement, tu reposes ta tasse vide sur sa soucoupe et tu reposes le tout sur le plateau avant de reposer ton regard sur ton interlocuteur. Tes lèvres se pincent. Tu penses ta décision prise mais au dernier moment tu hésites. Tu as envie de faire marche arrière. Tu n'as aucune idée de ce qui va suivre et cela t'effraie. Pourtant tu sais ce qu'il y a de mieux à faire. Tu préfères prendre le risque et au besoin te démener pour vous sortir de là, si la situation vient à dégénérer plutôt de vivre des années avec le regret d'avoir possiblement coupé Alicia de sa famille paternelle. Tout cela est très délicat et tu en as conscience. Tu lâche enfin avec un soupir de résignation :

-Alicia est à l'école à cette heure-ci. Je crains que vous ne puissiez la voir avant ce soir. Avant que j'accepte de vous la présenter cependant, j'aimerais savoir une chose... Pourquoi êtes-vous venu ? Je veux dire pourquoi maintenant ? Treize ans après le départ d'Evan depuis votre famille ?

Tu marques une pause, gênée. La question que tu lui a posée n'est pas des plus délicate. Tu en as conscience cependant tu as besoin de savoir cela.
Mar 3 Avr - 21:09
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