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Un monde où les espèces du monde surnaturel vivent dans l'ombre de l'humanité dont ils espèrent rester invisibles. Un univers de conflits, de mystères et d'intrigues
Mardi le 14 mai 2019, 19h21, maison des Beaconsfield.
Le soleil s’était vêtu d’un lourd voile de nuage aujourd’hui. Un contraste saisissant lorsqu’on pensait au magnifique soleil que nous avions eu la veille. Toutefois, cette invasion de cumulonimbus n’avait heureusement pas été annonciateur de pluie, du moins pour le moment. Alors que le soleil terminait sa course vers l’horizon, je franchis les quelques dizaines de mètres qui me séparaient du domicile d’Elise et Alicia. J’avais repoussé cette rencontre trop longtemps à cause du deuil, ciel, ce que ça m’avait déchiré le cœur lorsque j’appris à papa et maman le sort d’Evan… Cela m’avait tout pris juste pour articuler les mots, et je doute qu’elle entendit réellement le baragouinage que j’avais formulé. Mon timbre de voix cassé, et les sanglots avait fait le gros du travail pour moi…
Lorsqu’ils apprirent la raison du décès, ils furent tout aussi choqués et surpris que moi. Le destin avait en effet un don pour l’ironie, et même si je tentais de mettre au rancard les flashs d’image terrifiant d’un vampire arrachant la jugulaire de mon frère aîné, ce n’était pas si simple. Toutefois, ce qui fut le plus challengeant pour moi fut de leur mentionner l’existence de leur petite fille. La mort de Suzan ils pouvaient l’encaisser, le second mariage d’Evan aussi même si cela viendrait sans doute les affecter davantage. Cela dit, la première réaction qu’ils eurent en entendant qu’ils avaient la chair de leur chair un continent plus loin et laissé à elle-même furent de booker les premiers billets d’avions en direction de Vancouver. Cela dit, c’était la tristesse qui parlait pour eux et comme j’avais eu le temps de réfléchir à la question un peu plus qu’eux, je réussi, de peine et de misère, à nous donner deux mois. Deux mois, c’était tout ce que je pouvais obtenir de mieux. Cela dit, ça me donnerait le temps de rencontrer Elise et Alicia suffisamment longtemps pour les préparer à cette rencontre. En revanche, ce n’était pas pour cela que j’avais décidé de retourner au 6609 Raleigh street ce soir…
Arrivé devant la maison, je soupirai profondément une dernière fois pour renforcer ma détermination avant de sortir de ma voiture. Affichant mon expression la plus ordinaire et aimable possible, je m’approchai de la porte bourgogne maintenant beaucoup moins intimidante que la dernière fois et fis connaître ma présence d’une pression de la sonnette qui fit résonner à nouveau la douce mélodie.
Il eut quelques instants de silence avant que j’entende faiblement de l’autre côté de la porte les bruits de pas de quelqu’un s’approchant. Je raclai ma gorge sous l’effet de la gêne et tapai innocemment du pied contre le parquet de la petite véranda lorsque j’entendis le verrou tourner et la porte s’ouvrir pour révéler une Elise à l’expression plutôt surprise.
-Ahem… Bonsoir Elise, commençais-je d’un ton aimable en doublant le tout d’un sourire légèrement embarrassé. J’espère que je ne vous dérange pas…? Je sais, je n’ai pas appelé en premier, j’aurais sans doute dû. Euh… En fait, si c’est pas trop demandé j’avais quelques questions à vous poser. Je n’étais pas vraiment en état de le faire la dernière fois.
Avec un peu de chance elle accepterait, pas vrai? Remarque qu’elle pourrait aussi me fermer la porte au nez vu mon manque de savoir-vivre. M’imposer comme ça, really? Mes parents m’auraient donné un bon coup derrière la tête s’ils m’avaient vu être aussi mal élevé. Ce que je me détestais parfois lorsque mon impulsivité me mettait dans de tels embarras…
Il est une légende existant depuis des temps immémoriaux et perpétuée par les masses de génération en génération disant qu'être professeur, c'est la belle vie. Que gérer des gamins quelques heures par jour est une mince affaire et qu'en prime on dispose de longs mois de vacances chaque année...
Si ces gens te voyaient devant ta table avec ton ordinateur, tes deux livres de partitions, tes innombrables pages de notes et la feuille ridiculement vide censée accueillir l'ébauche de ton prochain cours, ils déchanteraient bien vite. Tu avais monté tout un texte explicatif pour tes premières années expliquant les rythmes basiques de la musique classique orchestrale et la mise en avant de certains instruments ou l'affaiblissement d'autres pour en souligner les fluctuations. Le problème étant que tout artiste ayant sa façon de faire et ses astuces récurrentes, il existe autant de visions sur la question qu'il y a d'étoiles dans le ciel. Il est donc difficile d'en faire une sélection qui puisse donner une vision d'ensemble sans pour autant être trop long afin de ne pas assommer tes élèves. Avec le temps, ils chercheront par eux même les styles qui leur correspondent mais tu veux essayer de leur donner des bases afin qu'ils ne s'égarent pas dans l'immensité du monde de la musique.
Voilà bien trois heures et demi que tu décortiques les partitions de plusieurs morceaux connus. Tu tiens à ce que tes références parlent à tout le monde tout en sélectionnant des époques et des rythmes différents. Forcément, les analyser puis les comparer prend un certain temps. C'est une vraie dissertation digne de celles qu'on demande en dernière année au conservatoire mais pour toi, c'est une sorte de routine. Une fois ce cours achevé, tu stockeras tous ces éléments dans une pochette que tu garderas dans une armoire de ton bureau aux côtés des centaines d'autres rédigés de ta main au fil des années. Tu ne sais pas si tu réutiliseras ce cours une prochaine fois ou si tu changeras tes œuvres de références car tu en jugeras d'autres plus adaptées au quel cas, tu recommencera toute la scène de ce soir.
Alors que tu achèves une nouvelle page de note analytique, tu entreprends de rassembler les différentes données de chacun des deux documents que tu as relevé afin de commencer la comparaison de ces éléments, on sonne à ta porte. Surprise, tu jettes un coup d'œil à l'heure. 19h20... Qui pourrait bien venir vous voir à cette heure-ci ? Tu n'as pourtant rien de prévu.
Laissant tes feuilles derrière toi tu te lèves, enfiles tes chaussons et te rends dans l'entrée. Quand tu ouvres la porte, tu es d'autant plus surprise de tomber nez-à-nez avec Aaron. Depuis que tu as fait sa rencontre il y a une semaine et demi, tu ne l'as pas revu depuis qu'il était venu frapper à ta porte en espérant retrouver Evan. Tu savais qu'il finirait par revenir une fois qu'il aurait eu le temps d'encaisser la nouvelle mais tu te serais attendue à un petit message de sa part avant qu'il ne passe. Aurais-tu oublié de vérifier la batterie de ton téléphone quelque part ?
Apparemment non puisqu'il s'excuse de ne pas avoir appelé. Il aurait d'autres questions à poser. C'était donc bien ce qu'il te semblait... Voilà qui chamboule un peu ton programme de la soirée. Tu as encore deux cours à préparer après celui que tu es en train de constituer et déjà sans longue discussion, tu sais que ça va te mener jusque tard dans la nuit mais tu n'as pas le cœur à le renvoyer. Son sourire timide et gêné te fait penser au visage d'un enfant qui aurait fait quelque chose qu'il sait incorrect mais qu'il voulait tout de même essayer. Cela t'amadoue la mère que tu es. Aussi t'écartes-tu du passage et lui fais signe d'entrer en disant :
-Bien sur, je vous en prie, entrez. Nous allons nous installer dans la salle à manger.
Alors qu'il pénètre dans le vestibule, tu refermes la porte. Une fois qu'il s'est défait de ses chaussures, tu lui proposes une paire de chaussons avant de te rendre à la salle à manger. Revoir ainsi le capharnaüm de feuilles noircies d'encre et de partitions annotées après t'être absentée de la pièce te fait prendre conscience d'à quel point tu t'es étalée sans t'en rendre compte tant tu étais investie dans ton travail. Quelque peu gênée à ton tour, tu te tournes vers le jeune homme à ta suite pour murmurer :
-Je suis vraiment désolée pour tout ça. J'étais en plein travail. Ne vous en faites pas, je vais nous faire de la place !
Joignant les actes à la paroles, tu commences à trier tes feuilles en deux piles distinctes que tu places à l'écart. Tendant alors une chaise à Aaron, tu te diriges dans la cuisine pour mettre machinalement la bouilloire en marche.
-Je vais me faire un thé. Voudrez-vous en prendre un aussi ?
Une fois le breuvage prêt, tu reviens t'asseoir face à lui avec un vague sourire sur les lèvres. Tu as beau apprécier la compagnie de ce garçon, tu redoutes un peu la nature des questions qu'il va te poser. Tournant la boule à thé dans ta tasse avec ta cuillère distraitement, tu le regardes.
-Je vous en prie, de quoi vouliez-vous me parler ?
lumos maxima
Lun 24 Sep - 22:27
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Pour une femme surchargée, Elise était d’une politesse digne d’une époque révolue. En même temps, le capital de sympathie que j’avais probablement accumulé à son égard étant donné le contexte dans lequel nous nous étions laissés y était sans doute pour quelque chose… Cela étant dit, j’acceptai sans rechigner la tasse de thé qu’elle me tendit et après m’avoir poliment demandé ce qui m’amenait, je pris une petite gorgée pour la forme avant de me racler à nouveau la gorge. Mes yeux toujours baissés avait de la difficulté à affronter les émeraudes de ma belles-sœur, mais elle eut l’immense respect de supporter le silence que je nous imposai quelques moments de plus sans me presser d’aucune façon.
-Merci de m’accueillir Elise. Vous êtes vraiment généreuse et compréhensive. J’aurais dû vous prévenir mais… Je n’ai pas encore totalement absorbé les faits.
Je me tais sur ces derniers mots. Même si ma voix n’avait pas tremblé, j’avais senti ma gorge se nouer et j’avais cesser de parler pour éviter que ce soit audible. C’était de nouveau surtout pour tenter de ne pas teinter ma dignité davantage, mais je poursuivi rapidement pour continuer à masquer le tout.
-Enfin, je voulais vous parler de quelques petites choses ce soir puisqu’il y a des détails importants à envisager dans les prochaines semaines qui pourraient avoir un impact important sur vos vies, et plus spécifiquement celle d’Alicia.
Je la sens se braquer en entendant mes mots, mais je m’empresse d’enchaîner pour ne pas laisser son imagination s’emballer davantage.
-C’est concernant ma famille, les Beaconsfield. Inutile de dire le tollé que cette révélation a eu chez mes parents et ma sœur et je n’ai pas pu les laisser sans un brin d’espoir et j’ai mentionné Alicia. Ils voulaient venir vous prêter leurs respects, se recueillir sur la tombe d’Evan, et surtout rencontrer leur petite fille et nièce, mais rassurez-vous, j’ai pu repousser ça. Pas de beaucoup, mais je vous ai gagné deux mois. Cela leur laissera le temps d’organiser leurs affaires, pour un départ prolonger et nous donnera également le temps de préparer Alicia et vous-même à leur passage.
J’avais pertinemment conscience de l’immensité de ce que je venais de lui demander, mais une partie de moi espérait qu’elle saurait faire preuve de la même ouverture d’esprit qu’elle avait démontré jusqu’à présent. Me voulant rassurant je continuai ma remarque en précisant :
-Ne vous en faites pas, je vais m’assurer qu’ils hébergent ailleurs dans la ville. Je sais que vous ne me connaissez pas, pas plus que vous connaissez mes parents, mais le deuil ne va pas leur faire oublier quelques règles de bienséance. Ils ne voudront pas s’imposer chez vous, ni bousculer la vie d’Alicia plus que nécessaire. Est-ce qu’il y a quelques inquiétudes que je pourrais aider à chasser? N’hésitez pas à m’en faire part.
Pour ponctuer ma phrase je souris faiblement en portant ma tasse à mes lèvres pour siroter un peu de thé, espérant de tout cœur que je venais pas d’effrayer Elise plus qu’autre chose…
Face à face avec vos tasses de thé dans les mains, vous laissez planer un léger instant de silence. Tu regardes le jeune homme tandis qu'il maintient ses yeux baissés vers sa tasse. Ses lèvres remuent légèrement pourtant il ne se décide pas à parler, comme s'il cherchait ses mots. Tu as vu ça tellement de fois lors d'oraux de tes élèves au conservatoire que tu arriverais à le reconnaître immédiatement. À en juger par l'heure tardive de sa visite impromptue, il n'est pas venu ici pour échanger quelques banalités aussi tu prends sur toi pour ne pas le presser bien que tu te demandes ce qui l'a poussé à venir.
Après avoir bu une gorgée de thé, il semble finalement trouver le courage de se lancer. Après t'avoir remercier de l'accueillir avec tant de gentillesse, il s'excuse d'être ainsi venu à l'improviste. Sa maladresse te fait sourire doucement. Malgré son apparente impulsivité, il demeure attaché aux bonnes manières. Peut-être est-ce surtout pour ne pas te brusquer mais tu trouves cela très touchant. C'est donc légèrement attendrie que tu portes ta tasse de thé à ta bouche en l'incitant du regard à poursuivre.
Tu es en train de boire une gorgée alors qu'il annonce qu'il souhaite discuter de choses avec toi qui impacteront grandement vos vies et celle d'Alicia. Quand tu entends le nom de ta fille, tu manques d'avaler de travers ou de tout recracher. Par sécurité, tu reposes lentement ta tasse et le toise d'un air méfiant. Que voulait-il signifier par "impacter spécifiquement la vie d'Alicia" ? Tu n'étais pas prête de laisser qui que ce soit imposer n'importe quoi à ton enfant, qu'il soit oncle, professeur ou même maire de Vancouvers. Tu restes sa mère et Aaron va devoir comprendre qu'il ne peut prendre de décision pour elle sans que tu n'aies au préalable donné ton accord.
Si tu restes sur la défensive, quand il commence à expliquer de quoi il en retourne, tu t'apaises immédiatement. Bien évidemment, cela concernait les parents et la sœur d'Evan. Maintenant qu'ils savaient pour l'existence d'Alicia, ils souhaitaient rencontrer la cadette de leur famille. Après tout, rencontrer la famille Beaconsfield avait un peu été l'un de tes objectifs quand tu avais consenti à accorder ta confiance à Aaron lorsqu'il a frappé à ta porte.
Le délai de deux mois qu'à réussi à obtenir Aaron te semble un peu court cependant. Tu grimaces en songeant à la réaction d'Alicia lorsqu'elle apprendrait qu'elle allait rencontrer ses grand-parents ainsi que sa tante. La découverte de son oncle avait déjà été un choc qu'elle n'avait pas encore totalement encaissé alors trois autres membres de sa famille... Tu te retiens de grimacer. Au fond de toi, tu sais qu'Aaron a du faire de son mieux et à vrai dire, il est même impressionnant qu'il ait gagné tant de temps. Si tu avais été à la place des parents Beaconsfield et qu'on t'avais appris l'existence d'un membre de ta famille proche que tu croyais disparu, rien au monde n'aurait su t'empêcher de prendre le premier avion et de foncer retrouver cette personne. Tu as déjà imaginé cette situation tant de fois, tu as tellement rêvé de cet instant où ton téléphone sonnerait pour qu'on t'annonce que l'on avait retrouver ton fils et qu'il t'attendait quelque part. Tu as conscience de l'effort que cela avait du demander au Beaconsfield d'attendre deux longs mois avant de venir et tu leur étais reconnaissante de prendre ainsi sur eux pour ne pas trop perturber ta fille.
Tu restes ainsi partagée en appréhension et reconnaissance sans trop savoir que dire. Devant sentir ton malaise, le garçon poursuit et t'assure qu'il s'occupera de leur hébergement afin qu'ils ne brusquent pas trop votre vie. Tes beaux-parents devant être assez âgés, cela te gêne qu'il doivent loger ailleurs en ville. En temps normal, tu aurais proposé qu'ils dorment ici mais tu dois reconnaître que ne les connaissant pas, tu n'es pas à l'aise avec cette idée. Tu dis donc d'un air désolé :
-Oh, je comprends parfaitement ne vous en faîte pas ! Je vous remercie d'avoir pris du temps pour ménager Alicia, j'imagine que ça n'a pas du être facile, autant pour eux que pour vous. Si vous avez besoin d'aide pour loger vos parents, n'hésitez pas à me le dire. Je connais des amis qui louent des chambres d'hôtes.
Vu l'âge d'Evan, tu devines que ses parents doivent au minimum être sexagénaires. À un tel âge, ils auront besoin d'un certain confort. Ton éducation te pousserait à leur proposer de rester ici mais par crainte, tu n'oses pas. À défaut de les accueillir, tu peux au moins t'assurer qu'ils soient bien installés.
L'ultimes question d'Aaron te tournes légèrement en tête. Des éventuelles inquiétudes ? Si de ton côté il y en a assez peu, tu penses cependant à ta fille. Murmurant pour être sure qu'elle n'entende pas bien qu'au fond tu aies conscience de la stupidité de ce geste puisque si elle vous espionnait, elle aurait déjà tout entendu, tu demandes :
-Je vous demanderai simplement de ne pas en parler à Alicia pour le moment s'il vous plait. Laissons lui un peu de temps pour se remettre de ce qu'elle vient d'apprendre avant de lui annoncer cela. Tu te redresses ensuite et continues d'un ton plus léger :À ce propos, où logez-vous ? Si vous souhaitez rester un moment à Vancouvers, je peux vous aider à trouver quelque chose. Je travaille avec des étudiants alors j'ai plusieurs renseignements sur des appartements meublés à louer.
Tu ne remets pas en doute l'aspect débrouillard d'Aaron mais tu as en effet tout un réseau d'informations grâce à tes élèves sur les bons plans locatifs alors si tu peux venir en aide à ce garçon, tu le ferais avec plaisir. C'est bien le minimum que tu puisses faire après ce qu'il a fait pour toi.
lumos maxima
Dim 16 Déc - 13:54
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La réaction d’Elise est à la hauteur de mes attentes. Elle semble avoir le réflexe de refuser sur le coup, mais dans les secondes de silence qui suivit, je sentis également que c’était son instinct maternel qui avait probablement pris le dessus. Difficile de faire autrement pour une mère dévouée comme elle. Je la connaissais bien peu, mais si j’avais bien une certitude à son égard, c’était qu’Alicia était la prunelle de ses yeux, et qu’elle chercherait à la protéger jusqu’au bout. En revanche, son visage s’éclaircit suite à mon annonce et elle répondit simplement d’une voix douce et aimable.
--Oh, je comprends parfaitement ne vous en faîte pas ! Je vous remercie d'avoir pris du temps pour ménager Alicia, j'imagine que ça n'a pas du être facile, autant pour eux que pour vous. Si vous avez besoin d'aide pour loger vos parents, n'hésitez pas à me le dire. Je connais des amis qui louent des chambres d'hôtes.
Une information utile à savoir! Puisqu’en effet il y avait de bonnes chances que j’en ai besoin, mais je m’occuperais de cela plus tard. Il était suffisamment pour moi de savoir qu’Elise les avait une solution pour permettre à mes parents de prêter leur respect à Evan et de rencontrer leur petite-fille.
Elle se tut ensuite durant quelques instants pour considérer ma dernière question, puis me fais savoir que rien ne lui venait à l’esprit si ce n’est conserver la nouvelle concernant la venue de mes parents pour moi. Elle avait en effet beaucoup à assimiler déjà avec ma venue, la brusquer encore plus en lui mentionnant cette visite ne mènerait à rien. Nous attendrons que le moment soit propice.
À sa demande, je souris faiblement. Amusé par la remarque innocente d’Elise, mais qui était la preuve irréfutable qu’elle était une mère d’abord et avant tout.
-Je suis dans une auberge jeunesse pour le moment. Oui, je sais, je suis un peu vieux pour les auberges, mais je parviens à faire avec. Étant donné que je viens d’arriver, je n’ai pas réussi à trouver un job encore, mais je vais le faire. Mes parents ont peut-être fait leur vie à Winnipeg, mais je n’ai pas vraiment d’attaches là-bas de mon côté. Je préfère rester ici pour apprendre à connaître Alicia un peu mieux.
Cela dit, la vérité était plus complexe… Alicia avait besoin d’un mentor, pour sa propre sécurité et celle des autres, mais je devais également rester dans la métropole actuellement pour une raison beaucoup plus personnelle : Delia s’y trouvait toujours.
10 jours plus tôt, j’avais décidé de rejoindre Vancouver non seulement afin de suivre la trace de mon ex-femme, mais surtout puisque je savais que les recherches d’Evan pouvaient m’être d’une aide précieuse. Les choses étant ce qu’elles sont, je n’avais pas pu vérifier ou il se trouvait. Cela dit, maintenant que le choc initial s’était estompé, je voulais revenir sur ce point, mais c’était difficile à aborder innocemment : Oui bonjour Elise, auriez-vous trouver les cahiers de recherches d’Evan concernant la création d’un rituel d’enchantement de haut niveau permettant la détection des créatures surnaturelles à grande échelle? Mon instinct me souffla que j’allais devoir sortir les platitudes usuelles pour endormir sa méfiance.
Continuant sur ma lancée, je pris une gorgée avant de demander à mon interlocutrice.
-À ce propos, je sais que vous préférez ne pas trop brusquer Alicia, mais je pensais vous demander si vous verriez un inconvénient à ce que je la porte à l’école et que je la ramène à la maison après? Comme ce serait pour de courtes périodes tous les jours, je ne m’immiscerai pas beaucoup dans sa routine et ça nous permettrait d’apprendre mutuellement à nous connaître. Je me suis dit que ça pourrait faciliter la rencontre avec mes parents.
Tu es désolée d'apprendre qu'Aaron loge actuellement dans une simple auberge de jeunesse. À son âge, ce doit être assez inconfortable... Encore qu'il n'a pas la cinquantaine comme toi et qu'il semble plutôt se contenter de son sort. Il faut dire que ce n'est jamais simple d'arriver dans une nouvelle ville. Sa détermination à rester à Vancouvers plutôt que de retourner près de ses parents pour mieux connaitre Alicia t'émeut. Près de Winnipeg, il pourrait disposer sans doute du soutien sans réserves de ses parents mais pour être présent pour ta petite fille qu'il ne connaissait pas il y a encore un mois il a choisit de s'en passer. Tu as si longtemps rêvé d'avoir une famille à tes côtés, surtout depuis qu'Evan vous a laissé seules toutes les deux. Ce rêve semble se concrétiser avec cet oncle si bienveillant. Du moins il semble plutôt bien parti pour se réaliser selon toi et Dieu sait combien ça te rassure. Après la disparition de ton mari, tu avais commencé à te demander ce qu'il adviendrait d'Alicia s'il venait à t'arriver quelque chose... Tes parents n'avaient pas vraiment l'énergie à leur âge de s'occuper d'une petite fille si demandeuse d'attention et tu ne pouvais concevoir qu'elle finisse dans un de ces foyers ou baladée ici et là jusqu'à ce qu'on la place en famille d'accueil.
Tu aimerais en faire plus pour Aaron. Le seul souci est que tu ne t'y connais pas beaucoup dans les annonces de petits boulots... Le conservatoire recherche bien agent d'entretien mais tu doutes fortement qu'il le prenne bien si tu lui proposais un travail où il passerait la moitié de ses journées à passer le balai dans des salles de cours et occasionnellement à réparer un radiateur, une imprimante ou quoique ce soit que vous autres professeurs avez le don de casser au moindre contact. Même en y réfléchissant bien, tu ne vois que ça... Peut-être pourras-tu te renseigner auprès des parents d'autres élèves ? Avec tous les camarades de classe d'Alicia qui pratiquent des activités, tu pourrais peut-être entendre parler d'un gymnase ou d'un club qui aurait besoin d'animateur ou autre...
Parallèlement à tes réflexions, Aaron semble avoir mené les siennes puisqu'il garde la tête basse et la mine songeuse quelques instants avant de relever le menton et de te demander si tu serais disposée à le laisser emmener et ramener Alicia de l'école, tu en es presque ébahi tant sa demande est gentille. Avec un grand sourire, tu acquiesces :
-C'est très gentil de votre part de proposer cela et de prendre en compte sa sensibilité ! Je suis sur que ce serait une excellente occasion ! Ça lui fera plaisir, j'en suis sure ! Tu marque une brève pause avant d'ajouter à voix basse sans sourire cette fois : Par contre, si un professeur viens vous accoster pour se plaindre d'un souci en cours, dîtes-lui simplement de m'appeler. Je doute que vous ayez envie d'assister à ce genre de spectacle...
Une simple anticipation de ta part si en effet il compte récupérer Alicia tous les jours à la sortie des cours, il est fort probable qu'il y soit confronté. Toi-même tu reçois trois ou quatre plaintes du corps enseignant tous les mois. Déjà que l'oncle de ta fille propose gentiment de rendre service, tu ne voudrais pas qu'il soit importuné en plus. Retrouvant le sourire, tu ajoutes :
-Je lui en parlerai ce soir ! D'ailleurs vu l'heure, vous resterez bien manger avec nous ? Je ne peux malheureusement pas vous promettre de la grande cuisine mais ça nous permettra de passer un peu de temps tous les trois dans un cadre disons plus... paisible.
Tu grimace en repensant à votre première et dernière rencontre en date. Tu ne pouvais objectivement pas dire qu'elle s'était mal déroulée. En toute franchise, elle s'était même très bien passée compte tenu des révélations qui avaient été faites mais tout cela avait été très éprouvant pour vous trois. Plusieurs jours étaient passés depuis afin que tout le monde puisse digérer ce qu'il avait appris ce jour là. Un moment tous ensemble à tête reposée autour d'un repas serait une bonne chose pour poser les bases de la relation entre ta fille et son oncle et à vrai dire, tu apprécierais aussi grandement faire un peu plus sa connaissance, sans cris ou émotion forte...
lumos maxima
Jeu 31 Jan - 0:25
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La pauvre… Elise avait dû se sentir coupable de m’avoir accueilli sur son portique avait rien d’autres que des mauvaises nouvelles la dernière fois que nous nous étions vu. Ultimement, si on considérait la rencontre avec Alicia, les choses s’étaient déroulés nettement mieux que nous l’aurions pensé moi et elle, et, ce faisant, je fus heureux d’entendre que ma proposition de porter et ramener Alicia à l’école ne lui dérangeait pas. Je me serais attendu à des réticences à laisser ainsi son petit trésor aux mains d’un homme qu’elle ne connaissait pas du tout. Mais le fait que nous partagions un lien commun à travers mon frère Evan facilita les choses.
Je haussai néanmoins un sourcil de surprise en entendant les problèmes que semblaient avoir ma nièce à l’école. Le changement de timbre et l’effacement du sourire qu’Elise arborait un instant plus tôt était tout ce dont j’avais besoin pour comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un sujet agréable, et ça me surpris grandement. Evan était un enseignant lui-même, il aurait certainement pu aider Alicia malgré la différence majeure de maturité entre ses élèves et sa jeune fille. Néanmoins, à voir l’expression d’Elise, nous n’avions pas à faire avec un problème de notes uniquement, il y avait quelque chose de plus profond…
Cela dit, si on remettait les choses en perspective, il ne fallait pas oublier qu’elle avait perdu son père depuis 2 ans à peine… Les traumatismes que cela pouvait avoir sur un enfant de son âge pouvait sans aucun doute avoir des répercussions encore aujourd’hui. J’étais prêt à y mettre ma main au feu.
D’un enthousiasme que je n’aurais pas soupçonné, elle sourit aimablement en me mentionnant qu’elle ne manquerait pas de relayer cette information à sa fille et m’invita même à rester pour la soirée. Après tout, notre précédent repas avait été interrompu à l’improviste par l’appel de mes parents, il serait agréable de passer du temps avec ma belle-sœur et ma nièce, c’était une merveilleuse opportunité! Ainsi ragaillardi par cette proposition, je jugeai approprié d'enfin aborder la réelle raison de ma venue. Cela allait définitivement lui donner une image beaucoup moins crédible de moi et de ma famille, mais je doutais que cela atteindrait un point où elle retirerait son invitation. C’était une dame trop bien élevée pour se rétracter ainsi en se basant sur des préjugés.
-Avec plaisir, lui dis-je en souriant à mon tour. Mais avant de se mettre au travail j’ai une petite question pour vous. C’est vraiment bénin, mais vous êtes probablement la seule qui pourrait me répondre.
Que je hais faire ça… me murmura ma conscience pour une énième fois.
Ce n’était pas la première fois que je sortais cette histoire, c’était une couverture potable pour permettre de se faire passer pour de gentils hurluberlus, mais je n’appréciais pas cette méthode avant, et ce n’était certainement pas maintenant que j’allais y prendre goût! Surtout que, contrairement au fois précédente, j’allais probablement devoir côtoyer les personnes à laquelle je racontais ces salades pour une longue période. Par conséquent, tant qu’Alicia et moi n’aurions pas convenu de dire la vérité à Elise, j’allais devoir continuer cette mascarade…
J’essayai de faire de mon mieux pour que rien n’en paraisse, et j’enchaînai immédiatement sur la suite de mon propos pour ne pas laisser mon exaspération percer.
-Je ne sais pas si Evan vous en parlé. En fait, je serais surpris parce que ce n’est pas un sujet que nous avons l’habitude d’aborder avec tous les passants, mais saviez-vous que les Beaconsfield sont wiccans?
En voyant les points d’interrogations surgir dans les iris verts de mon interlocutrice, je compris qu’une mise en contexte était de mise!
-Ahem… Oui j’imagine que vous ne savez pas de quoi il s’agit, pas vrai? Ce n’est pas une croyance vraiment connue, mais ce n’est rien de majeur, ni de dangereux. Nous croyons aux forces de la nature, à celle des éléments et aux esprits qui les animent. Nous pratiquons des rituels et des offrandes diverses pour attirer des circonstances favorables, vous pourriez appeler ça des sorts en quelque sorte.
Si je n’étais pas viré au cramoisi de l’extérieur, j’étais certainement mal à l’aise de l’intérieur. Mais avec de la chance, cette gêne lui semblerait authentique et augmenterait la crédibilité de mon histoire… Ce qui n’était pas pour me déplaire.
-Bon en fait, il l’était lorsqu’il a quitté Winnipeg. Mais là n’est pas le point. Là où je voulais en venir, c’est euh… Est-ce que vous auriez trouvé certains grimoires wiccans dans ses affaires lorsqu’il nous a quitté? Il a pris certains documents précieux lorsqu’il a quitté le Manitoba, et euh… J’y pensais aujourd’hui, et je me disais que mes parents seraient sans doute reconnaissant de pouvoir les retrouver à nouveau.
Bravo Aaron… Tu sais vraiment créer des malaises quand tu t’y mets!
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